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Divisée sur les coups d'Etat, la Cédéao se réunit à Abuja

Carole Assignon
8 décembre 2023

L’attitude conciliante adoptée par certains pays vis-à-vis des juntes militaires pourrait fragiliser la Cédéao, qui se retrouve ce dimanche en sommet à Abuja.

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Photo de famille des dirigeants de la Cédéao
Les dirigeants des Etats de la Cédéao en juillet 2023Image : Xinhua News Agency/picture alliance

Ce dimanche 10 décembre, Abuja, la capitale du Nigeria, accueillera un sommet des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Cette rencontre va se dérouler dans un contexte qui reste encore tendu dans la sous-région. La question des putschs au Mali, Burkina Faso, Niger et en Guinée, ainsi que celle des sanctions contre ces pays, reste en effet sur la table de la Cédéao. Or, les premières divisions entre les Etats membres pourraient apparaître sur ce sujet.

Le Togo, une diplomatie plus souple

Pour l'instant, au moins un Etat n'hésite plus à afficher une position plus souple envers les putschistes : il s'agit du Togo. En octobre par exemple, Lomé a organisé un forum sur la paix et la sécurité en invitant les représentants de trois pays dirigés par des militaires putschistes, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le Niger, dont le dirigeant, le général Abdourahmane Tiani, qui a pris le pouvoir par la force, est annoncé à Lomé pour une visite "d'amitié et de travail" à la veille du sommet de la Cédéao.

Un déplacement qui ne surprend pas le politologue Mounkaïla Mossi. Il estime qu'au-delà des raisons politiques, des intérêts économiques sont également en jeu.

"Chacun essaie de tirer avantage de la crise"

Selon lui "chacun essaie de tirer avantage de la crise. Le Niger peut constituer un partenaire clé pour le Togo" d'autant plus qu'il y a une crise entre le Niger et le Bénin. Il rappelle que "le Bénin est un partenaire clé en terme notamment d'exportation de biens vers le Niger, à travers le port de Cotonou"  mais depuis la crise " le Togo est en train de profiter de la situation car les marchandises passent plutôt par Lomé que Cotonou."

S'il sera une fois encore sans doute question à Abuja, du Niger et des autres pays en transition après les coups d'Etat, l'activisme diplomatique du Togo dans ce dossier continue toutefois d'interroger.

D'autant qu'au sein de la Cédéao, certains pays comme le Bénin affichent une posture plutôt intransigeante à l'égard des Etats putschistes, comme le Niger dont il est le voisin direct.

Mais il y a également le Nigeria, géant de la sous-région, qui se veut toujours ferme dans sa posture envers les putschistes.

Une posture "non viable"

Certes, l'activisme du Togo a permis, en janvier dernier, la libération de militaires ivoiriens détenus au Mali, ou encore aidé une délégation de la Cédéao à rencontrer le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, en août, mais la posture de Lomé vis-à-vis des régimes putschistes n'est pas viable, selon l'expert en gouvernance et président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, Paul Ameganpko. 

" C'est clair qu'actuellement, il y a une division. Des positions contradictoires entre certains Etats membres de la Cédéao" explique-t-il à la DW en rappellant que "le Togo fait partie de ces pays qui considèrent qu'il faut négocier et mettre en berne les règles communautaires qui condamnent et sanctionnent les coups d'Etat."

"La position du Togo n'est pas viable"

Selon lui la stratégie de Lomé sur ces dossiers "fragilise la Cédéao". Il explique par ailleurs que "la position du Togo n'est pas viable dans la mesure où les règles communautaires doivent être appliquées et les transitions demeurent les transitions."

Paul Amegankpo évoque le risque de crises éventuelles qu'une mauvaise gestion des transitions pourrait engendrer à l'avenir. Selon lui, les positions de pays comme le Bénin ou le Nigeria, qualifiés de durs, seraient plutôt légalistes.

En attendant les conclusions du sommet de la Cédéao, le Niger, tout comme le Burkina Faso ou encore le Mali, actuellement suspendus des instances de l'organisation, ne devraient pas être présents à Abuja.

Les trois pays confrontés à une "crise djihadiste" se sont d'ailleurs récemment réunis au sein d'une Alliance des Etats du Sahel (AES).

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique