Un continent sur deux roues : le vélo en Afrique

À cœur vaillant rien d'impossible : c'est apparemment la devise de ce livreur mozambicain qui a attaché six sacs de charbon sur son vélo, soit environ 300 kilos ! Avec un tel chargement, impossible de rouler. Il a donc fixé deux cordes au guidon de son vélo et le pousse par derrière.

Le charbon est transporté jusqu'à 100 km pour être acheminé vers Beira, la deuxième ville du pays. Et en dehors de la ville, il y a peu de routes bitumées. On y circule donc mieux à vélo qu'en voiture. Les habitants de Beira dépendent de ces livreurs de charbon car peu d'entre eux peuvent se permettre d'avoir le gaz ou l'électricité.

Quand le pantalon a un accroc, il est rapiécé par un "fundi", quand la chaussure se perce, il sait aussi quoi faire, alors quand le vélo crève, il y a sûrement un "fundi" dans les parages pour réparer la roue. "Fundi" est le mot swahili pour désigner les artisans, très demandés. Les ateliers de réparation de bicyclettes sont souvent placés au bord de la route et fournissent une aide immédiate.

Il faut souvent compter plusieurs heures pour atteindre l'école ou aller chercher de l'eau, du bois pour le feu et de la nourriture. De nombreuses régions d'Afrique n'ont pas ou peu de transports publics, les voitures y sont chères, à l'achat et à l'entretien. Il est donc nécessaire d'avoir une bicyclette. Grâce à son vélo, ce paysan peut emporter tout à la fois au marché.

Pour ceux qui possèdent un "duka" (épicerie en swahili) mais pas de fourgonnette, il faut trouver un moyen d'alimenter les stocks. La marchandise doit être transportée depuis la grande ville voisine jusqu'aux plus petits villages de Tanzanie. De nombreux Africains aiment le soda, et ceux qui peuvent en charger un maximum sur leur vélo ont un sacré avantage.

Le vélo a également fière allure lorsqu'il se transforme en stand. Ce marchand tanzanien vend des chaussures, des sacs et des récipients en plastique. En Afrique, les marchands de rue sont nombreux. La plupart du temps, ils ne sont pas déclarés officiellement, ce qui explique qu'ils aient régulièrement maille à partir avec la police.

Combien de poulets peut-on caser sur un guidon ? Ce marchand du Nigeria a tenté l'expérience. En chemin, il lui arrive de vendre l'un ou l'autre de ses "poulet à emporter". Mais sa destination est le marché. Ici, on vend des produits frais, c'est pourquoi les poulets qu'il transporte sont encore vivants.

C'est dans des conditions bien inconfortables que cette petite chèvre est transportée au marché de Bauchi, au Nigeria. Son propriétaire veut la vendre au marché pour 7.000 naira, soit environ 35 euros. Mais ce qui l'attend après est sans doute bien pire que son voyage sur le porte-bagages d'un vélo.

Dans de nombreux pays africains, les vélos sont également utilisés comme taxis. Les porte-bagages sont rembourrés, ce qui permet de transporter les clients à peu de frais. Les taxis ont différents noms. Au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, on les appelle les "boda-boda", dérivé de "border-to-border". Dans les années 1960, ils étaient principalement en circulation dans les régions frontalières.

À Quelimane, dans le nord du Mozambique, l'administration essaie de réduire le nombre de taxis-vélos sur les routes. Début 2010, elle a introduit une sorte de permis pour les cyclistes, dont le coût s'élève officiellement à 350 meticais, soit 12 euros. Les conducteurs de taxis-vélos ont protesté. L'administration a cédé et suspendu la licence.

Outre ses multiples utilisations comme moyen de transport, le vélo est aussi un outil pour le sport et les loisirs. On trouve donc parmi les bicyclettes rouillées quelques vélos tout terrain du dernier cri. Ce jeune homme des Seychelles fait du vélo, non pas pour gagner de l'argent mais pour son simple plaisir.