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Sanogo promu général

Carole Assignon15 août 2013

Les Maliens sont désormais fixés sur le résultat des urnes, mais mercredi le président par intérim Dioncounda Traoré a créé la surprise. Il a nommé "général" le capitaine Sanogo, auteur du coup d'Etat de mars 2012.

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Image : Reuters

Cette promotion directe du grade de capitaine à celui de général survient dans un contexte électoral particulier. Elle a été rendue publique à la veille de la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle.

Human Right Watch dénonce

Si la décision surprend, certaines organisations de défense des droits de l'homme, elles, s'insurgent et dénoncent. Human Right Watch reproche à Amadou Aya Sanogo son implication dans de graves abus commis pendant ces 18 derniers mois, dont des détentions arbitraires, des actes de torture et des disparitions. Pour Jean Marie Fardeau, responsable de l'ONG en France, sa promotion est un scandale pour l'Etat de droit au Mali.

« Cet homme est d'abord responsable de grave violations des droits de l'homme après le coup d'État de mars 2012. Il doit d'abord répondre de ses crimes. On peut comprendre que c'est sans doute un calcul politique pour essayer d'apaiser le climat au sein de l'armée et de remettre le capitaine Sanogo et ses hommes dans le rang de l'Etat malien, mais c'est un très mauvais calcul, parce que finalement pourquoi s'interdirait-il plus tard de commettre de nouveau des violations puisqu'il voit aujourd'hui qu'il n'est pas condamné pour ce qu'il a fait mais qu'il est plutôt promu ? »

Une nouvelle page s'ouvre dans la vie politique malienne avec l'élection d'Ibrahim Boubacar Keita
Une nouvelle page s'ouvre dans la vie politique malienne avec l'élection d'Ibrahim Boubacar KeitaImage : Reuters

Décision stratégique ?

L'ex-capitaine Sanogo avait par ailleurs pris ses fonctions en février dernier à la tête d'une structure chargée de réformer l'armée malienne. Sa promotion survient en même temps que celle d'un autre membre de l'ancienne junte militaire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, qui occupe le poste de ministre de l'Administration territoriale dans le gouvernement de transition, de même que le colonel Didier Dacko, chef des opérations militaires de l'armée malienne dans le Nord. Pour Michel Gally, enseignant à l'Institut des relations internationales à Paris et spécialiste du Mali, il s'agit probablement d'un choix stratégique.

« Ce sont tout les partisans du capitaine et donc maintenant général Sanogo, qui ont été en quelque sorte mis dans les six derniers mois aux postes de l'armée et de l'administration. Même si le nouveau président arrive et veut changer l'armée, il y aura de fortes résistances. Cette nomination au poste de général serait une contrepartie d'un engagement du général Sanogo de rester à l'écart de la vie politique. »

Une vie politique malienne qui devrait connaître dans les prochains jours des changements, avec l'investiture prochainement d'Ibrahim Boubacar Keita, le nouveau président élu.