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Prudence au Soudan du Sud

Sandrine Blanchard et Ramata Soré (Addis Abeba)24 janvier 2014

Après de longues semaines de négociations en Ethiopie, les deux camps sud-soudanais ont finalement signé un cessez-le-feu. Qualifié de "premier pas crucial", l'accord laisse aussi de nombreuses questions en suspens.

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Les deux camps s'engagent également à protéger les civils en cessant toute exaction à leur encontre
Les deux camps s'engagent également à protéger les civils en cessant toute exaction à leur encontreImage : Reuters

En premier lieu, les deux parties s'engagent à renoncer à toute action militaire ou toute forme de confrontation susceptible de remettre en cause le processus de paix amorcé, y compris la « propagande hostile ». Elles renoncent à tout nouveau mouvement de troupes. Elles s'engagent d'abord à faire respecter l'accord à leurs hommes en armes, puis à retirer progressivement leurs combattants des zones de conflit. Les deux camps s'engagent également à protéger les civils en cessant toute exaction à leur encontre – les combats ont fait des milliers de morts et plus d'un demi-million de déplacés. L'accord prévoit de garantir l'accès de l'aide humanitaire à la population.

Pour vérifier la mise en œuvre du cessez-le-feu, un Mécanisme de Surveillance et de Vérification est par ailleurs mis en place, il sera dirigé par l'Igad, le bloc régional qui a supervisé les négociations. Seyoum Mesfin, le médiateur de l'Igad a rappelé que faire la paix était souvent plus compliqué que de faire la guerre :

« Le processus de paix sera turbulent, imprévisible et délicat. Le Soudan du Sud a mené une lutte longue et amère pour son indépendance. Des millions de gens ont sacrifié leur vie pour l'atteindre. Il est juste aussi envers eux de lancer un dialogue national réellement inclusif, qui ne laisse personne sur le bord de la route. L'Igad et l'Union Africaine travaillent ensemble, avec la communauté internationale, pour vous aider et aider les Sud-Soudanais. Nous ne vous abandonnerons pas tant que vous tiendrez bon. »

Les représentants du président Salva Kiir et ceux de son rival et ex-vice-président Riek Machar ont trouvé un accord pour mettre un terme à cinq semaines de combats au Soudan du Sud
Les représentants du président Salva Kiir et ceux de son rival et ex-vice-président Riek Machar ont trouvé un accord pour mettre un terme à cinq semaines de combats au Soudan du SudImage : picture-alliance/dpa

Difficile reconversion des rebelles

Dès la signature de l'accord, le représentant de la délégation gouvernementale du Soudan du Sud, Nhial Deng Nhial faisait part de son scepticisme : « Nous ne faisons pas d'illusions, l'application de cet accord ne sera pas facile. L'armée des SPLA est tout à fait capable d'assurer le respect de l'accord par ses hommes. Et nous promettons une coopération totale avec le mécanisme de surveillance et vérification. Ce qui nous préoccupe vraiment, c'est la capacité réelle des groupes rebelles, constitués de civils armés qui ne sont pas habitués à la discipline militaire, d'arrêter de combattre quand on leur dira. »

Soutien international requis

Vendredi, en dépit de la signature du cessez-le-feu, de nouveaux combats ont été signalés notamment dans l'Etat du Jonglei
Vendredi, en dépit de la signature du cessez-le-feu, de nouveaux combats ont été signalés notamment dans l'Etat du JongleiImage : Getty Images/AFP/Charles Lomodon

Le gouvernement sud-soudanais en appelle à l'Igad et à la communauté internationale pour veiller au respect de l'accord par le camp adverse, représenté à Addis Abeba par Mabior Garang de Mabior, porte-parole de Riek Machar. Il revient sur les compromis consentis par les rebelles, au micro de Ramata Soré :

« Initialement, nous voulions que le président accepte de libérer sur-le-champ nos camarades emprisonnés, mais nous n'avons pas obtenu gain de cause. Dans une négociation, on n'obtient jamais 100% de satisfaction. Cet accord, on peut vivre avec. »

La rivalité entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar ne sera sans doute pas réglée par un papier. Ni les tensions ethniques entre Nuers et Dinkas que cette rivalité politique et personnelle a ravivées.