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Pas d'excuse japonaise cette année

Philippe Pognan (avec DPA, AFP)15 août 2013

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les voisins du Japon ont payé le prix fort de sa politique expansionniste. Mais à l'occasion du 68ème anniversaire de la capitulation, le Premier ministre n'a exprimé aucun regret.

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Image : Imago

Le Japon faisait partie des « forces de l'Axe », une alliance militaire avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste qui a répandu la mort et la désolation dans de nombreuses régions du monde. En Asie, quasiment tous les voisins du Japon ont payé le prix fort pour la politique expansionniste et guerrière de Tokyo.

Japan Gedenken an Atombombenabwurf 1945 Premier Abe
Shinzo AbeImage : picture alliance/Kyodo

Lors de chaque cérémonie de commémoration du 15 août ces dernières décennies, les dirigeants japonais ont exprimé leurs remords pour les souffrances et les pertes humaines infligées aux pays voisins. Mais ce jeudi, s'il a appelé à la paix, l'actuel Premier ministre de droite Shinzo Abe n'a toutefois exprimé, lui, aucun regret.

Une attitude qui choque le monde asiatique

Déjà à la fin du 19ème siècle les voisins du Japon commencent à souffrir de la politique expansionniste entamée alors par le Japon. Une politique renforcée encore au 20ème siècle: en 1910, le Japon annexe la Corée qu'elle tiendra jusqu'en 1945 et où son armée commet des atrocités. En 1931 l'armée nippone envahit la Mandchourie, puis en 1937 une autre partie de la Chine, ne parvenant pas à contrôler tout l'immense territoire jusqu'en 1945. Une guerre sino-japonaise particulièrement meurtrière. En 1940, le Japon envahit le Vietnam, le Laos, le Cambodge. En 1941 et 1942, la redoutable et redoutée armée nippone conquiert sans coup férir les Philippines, la Malaisie, l'Indonésie, la Birmanie et d'innombrables archipels de l'Océan Pacifique. Tous les pays conquis et occupés par le Japon sont traités comme des peuples esclaves, subissent de lourdes pertes et jusqu'à aujourd'hui leurs populations n'ont pas oublié ces années noires.

Une visite contestée

Ce jeudi, juste avant l'allocution du Premier ministre Shinzo Abe, des membres de son gouvernement et des députés ont visité le sanctuaire de Yasukuni qui rend hommage aux 2,5 millions de soldats japonais tombés lors de toutes ces guerres. Or, les pays asiatiques y voient là un hommage déplacé, d'autant plus que des criminels de guerre japonais condamnés par les Alliés après 1945 y reposent.

Symbolbild - Inselgruppe Senkaku/ Diaoyu-Inseln
Archipel Senkaku/ Diaoyu un navire de pêche de Taiwan bloqué par un patrouilleur japonaisImage : Getty Images

Pékin, qui a « fermement » condamné cette visite et convoqué l'ambassadeur du Japon en Chine, a appelé en outre Tokyo à se pencher « de façon sérieuse sur son passé, faute de quoi les relations entre le Japon et ses pays voisins n'auraient pas d'avenir ».

Il faut savoir que les relations sino-japonaises restent difficiles, des différents d'ordre territorial opposant toujours aujourd'hui Pékin et Tokyo, notamment à propos d'îlots en mer de Chine orientale administrés par Tokyo mais revendiqués par Pékin.

A Séoul, en Corée du Sud, le ministre des Affaires étrangères a jugé pour sa part « profondément regrettable » que les politiciens japonais venus au mémorial Yasukuni soient « aveugles face à l'histoire de leur pays ».

La méfiance des pays asiatiques voisins à l'égard du Japon a été encore ravivée par le fait que depuis son retour au pouvoir en décembre dernier, Shinzo Abe a fait augmenter le budget militaire japonais. Et il a même annoncé vouloir amender la constitution pacifiste imposée au pays après sa défaite en 1945 !