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Obama au pays de Madiba

Marie-Ange Pioerron28 juin 2013

La presse allemande continue de tourner ses regards vers l'Afrique du sud. Elle a suivi l'évolution de l'état de santé de l'ancien président Nelson Mandela.

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Une presse sud-africaine critique avant l'arrivée d'ObamaImage : DW/L. Schadomsky

Madiba ne doit pas mourir titre la Berliner Zeitung du 27 juin. Même si cela n'est pas confirmé officiellement, tout indique que Nelson Mandela n'est plus maintenu en vie que par des machines et qu'il appartient à sa famille de décider du moment où les appareils seront débranchés. Une famille qui selon la presse sud-africaine, note le journal, est profondément divisée sur la façon d'organiser les funérailles du père, grand-père et arrière grand-père. L'après-Mandela en Afrique du sud promet peut-être aussi des confrontations plus brutales au sein de la société sud-africaine. Dans la classe politique en tout cas, un nouveau parti entend se dresser conte "l'arrogance" de l'Anc. Ce parti, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, a été officiellement créé le week-end dernier à Pretoria par une femme de 65 ans, Mamphela Ramphele. Elle a milité autrefois contre l'apartheid, et a été bannie pour ses opinions politiques. Elle fut aussi la compagne du fondateur du Mouvement de la conscience noire, Steve Biko, assassiné pendant sa garde à vue. Elle dirige aujourd'hui une entreprise florissante. Son parti, dénommé Agang, un mot de la langue sepedi que l'on peut traduire par "nous construisons", entend surtout s'opposer à la corruption devenue omniprésente en Afrique du sud, souligne le journal.

Mamphela Ramphele, afrikanische Aktivistin
Mamphela RampheleImage : picture-alliance/dpa

Tournée de rattrapage pour Obama

L'Afrique du sud figure à côté du Sénégal et de la Tanzanie au programme de la tournée du président américain Barack Obama en Afrique. C'est un événement qui retient évidemment l'attention de la presse allemande. La Süddeutsche Zeitung parle d'une tournée de rattrapage, et rares sont les Africains, estime le journal, qui en attendent des miracles. Ce n'est que la deuxième visite du président américain depuis sa visite éclair au Ghana en 2009. Depuis, Obama, fils d'un Kenyan, ne s'est plus fait voir en Afrique au sud du Sahara. On a maintenant l'impression que le gouvernement américain a des remords et veut rattraper ce qu'il a raté ces dernières années. Ben Rhodes, le conseiller adjoint d'Obama à la sécurité le reconnait lui-même note le journal: la longue absence d'Obama a provoqué une "grande déception" sur le continent, mais l'Afrique est un continent "où les Etats-Unis devraient renforcer considérablement leur engagement dans les prochaines années", ajoute le conseiller. Un coup d'oeil sur l'entourage du président permet de comprendre ce que cela veut dire, poursuit le journal: une imposante délégation économique accompagne Obama dans cette tournée pour reconquérir le terrain perdu. Sept des dix économies aux taux de croissance les plus forts dans le monde sont situées en Afrique et cela fait longtemps déjà que, sous l'impulsion de la Chine, une nouvelle course aux ressources du continent a été lancée.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si Obama prend le temps de passer toute une semaine en Afrique, cela tient aussi précisément à l'omniprésence des Chinois sur le continent. Le volume des échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains est passé de 10 milliards de dollars en 2000 à 166 milliards de dollars en 2011. Et des puissances émergentes moyennes comme la Turquie et le Brésil investissent de plus en plus en Afrique. Les matières premières comme le pétrole, le cuivre ou le minérai de fer ne sont plus le seul enjeu, poursuit le journal. Les biens de consommation et les produits technologiques s'y sont ajoutés, car le boom économique des dernières années a fait émerger une nouvelle classe moyenne au fort pouvoir d'achat. Sur ce marché aussi les entreprises chinoises jouent un rôle dirigeant.

X-47B Drohne während eines Start vom Flugzeugträger USS George H. W. Bush
Drone décollant du porte-avions USS George H. W. BushImage : Getty Images
Barack Obama Senegal Afrika-Reise Dakar
Barack Obama au SénégalImage : Jim Watson/AFP/Getty Images

Les Etats-Unis et le visage sanglant de l'Afrique

La presse ne manque pas non plus d'insister sur le coût de ce voyage du président américain en Afrique. Comme le note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il pourrait être l'un des plus coûteux jamais entrepris par un président américain. Le Washington Post estime qu'il devrait coûter entre 60 et 100 millions de dollars. Dans un autre article, le même journal , la Frankfurter Allgemeine Zeitung, relève que Barack Obama a fait l'éloge à Dakar de la démocratie sénégalaise.

Mais, souligne de son côté die tageszeitung, les Etats-Unis s'intéressent surtout au visage sanglant de l'Afrique. En Somalie ils combattent les islamistes à coup de drones, au Niger, pays voisin du Mali, ils sont en train de construire une base américaine destinée précisément à l'emploi de drones (ces avions sans pilote). Ils s'intéressent à la chasse au chef rebelle ougandais Joseph Kony, toujours en fuite. Ils élargissent leur coopération sécuritaire avec des puissances régionales comme le Nigéria et l'Ethiopie. Pour l'Afrique dynamique en revanche, la Chine est incontestablement le partenaire numéro un. Dans le paysage citadin africain elle est symbolisée par des constructions de prestige, des stades, des routes. Les Etats-Unis, eux, se font surtout remarquer dans les capitales par des mesures de sécurité en partie absurdes et humiliantes autour de leurs ambassades. Ils donnent l'impression d'une superpuissance recroquevillée sous sa carapace, qui ne sait pas grand chose de l'Afrique normale et qui ne veut pas avoir affaire avec elle. Et puis note en conclusion le journal: qu'il le veuille ou non Barack Obama a une relation personnelle avec l'Afrique. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il a tant de mal à développer une politique africaine.