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Nouveau mandat pour Mugabe à 89 ans

Marie-Ange Pioerron9 août 2013

"Mugabe s'accroche au pouvoir"... "Encore une fois Mugabe"... Ce sont quelques-uns des titres relevés dans la presse allemande après la publication des résultats des élections au Zimbabwe.

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Membres de la ZANU-PF célébrant la victoire de MugabeImage : Alexander Joe/AFP/Getty Images

Ces résultats donnent, pour l'élection présidentielle, 61% à Robert Mugabe, 34% à son challenger Morgan Tsvangirai, et la majorité des deux-tiers pour la ZANU-PF aux élections législatives. Après la réélection contestée de l'autocrate, l'heure est au dégrisement au Zimbabwe, écrit le quotidien Die Welt qui relate ce qu'une observatrice électorale du MDC, le Mouvement pour le changement démocratique, a pu observer.

Melody, c'est son nom, avait déjà fait le même constat il y a cinq ans. L'article 43 du code électoral, explique le journal, stipule que les analphabètes doivent être aidés dans leur vote, de manière à pouvoir vraiment faire leur croix à l'endroit souhaité sur le bulletin de vote. Une disposition judicieuse, poursuit Die Welt, mais en dépit de ses nombreuses crises, le Zimbabwe a l'un des taux d'analphabétisme les plus bas d'Afrique.

Melody a pourtant observé comment des militants de la ZANU-PF ont accompagné dans l'isoloir un grand nombre d'électeurs. La plupart d'entre eux avaient fréquenté l'école, certains avaient même fait des études.

London Demo gegen Wiederwahl Mugabes
Manifestation à Londres contre la réélection de MugabeImage : Ben Stansall/AFP/Getty Images

Mugabe, note le Tagesspiegel de Berlin, a gardé les listes électorales secrètes jusqu'au jour du scrutin. Il était donc très facile de procéder à des manipulations massives. Mais estime le journal, même si Morgan Tsvangirai a dénoncé "une farce électorale", il n'a aucune chance de faire annuler les résultats. Les observateurs de l'Union africaine et de la SADC, la Communauté de développement de l'Afrique australe, ont considéré que les élections étaient, sinon honnêtes, du moins libres et pacifiques.

Les observateurs de l'Union africaine, lit-on dans un éditorial de la Süddeutsche Zeitung ont apposé sans rechigner leur label sur les élections au Zimbabwe. Jacob Zuma, le président sud-africain, trouve que les élections ont été une réussite et appelle toutes les parties à accepter les résultats.

C'est, souligne le journal, un certificat d'indigence pour le continent. "Des solutions africaines aux problèmes africains" : pour le Zimbabwe, cette formule se révèle maintenant une promesse empoisonnée. Car Zuma semble surtout l'interpréter dans le sens suivant : entre amis, on n'y regarde pas de si près. C'est, déplore le journal, trahir l'avenir de l'Afrique.

Des ennuis à attendre avec le "camarade Bob"

Wahl Simbabwe 2013 Präsident Mugabe
Robert Mugabe, lors d'une conférence de presse le 31 juillet 2013Image : picture alliance / landov

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui publie une longue analyse, la douteuse victoire de Mugabe n'est pas seulement une victoire sur l'opposition. C'est aussi l'Afrique du Sud, précisément, qui est bernée.

Du point de vue de Mugabe, explique le journal, la SADC et le gouvernemnt sud-africain sont des adversaires d'un tout autre calibre que les Européens ou les Américains. Les félicitations de Jacob Zuma ont donc dû sonner comme de la musique aux oreilles de Mugabe. Économiquement et financièrement, le Zimbabwe vit sous perfusion de l'Afrique du Sud.

Mais comme toujours, lorsqu'il s'agit de défendre des intérêts de politque étrangère, Pretoria est resté à mi-chemin. Dans ce sens, les félicitations de Jacob Zuma peuvent aussi être qualifiées de capitulation. Mais une capitulation dans laquelle l'opposition zimbabwéenne porte une lourde part de responsabilité.

Car, souligne plus loin le journal, il est faux d'affirmer que Pretoria n'a pas travaillé en coulisse à un changement de pouvoir au Zimbabwe. Si le projet a échoué, la faute en revient principalement à Tsvangirai. En juin dernier, Lindiwe Zulu, l'émissaire spéciale du gouvernement sud-africain pour le Zimbabwe, lui avait conseillé de boycotter les élections fixées à la fin juillet par Mugabe, ceci afin de gagner du temps pour épurer les listes électorales de plus de deux millions d'électeurs fantômes.

Tsvangirai a refusé, persuadé qu'il était de pouvoir remporter l'élection. On ne peut reprocher aux Sud-Africains d'avoir misé sur le mauvais cheval, estime la FAZ. Il n'y en a pas d'autre à Harare. Zuma n'avait donc d'autre choix que de féliciter Mugabe. C'est de la "realpolitik".

L'Afrique du Sud a besoin de stabilité chez son voisin pour préserver la stabilité chez elle. Mais attention, conclut le journal, Mugabe est rancunier. Sa volonté d'intensifier l'indigénisation de l'économie zimbabwéenne touche avant tout des firmes sud-africaines. Pour Pretoria, les ennuis avec le "camarade Bob" ne font que commencer.

Des pompiers sans camion à Nairobi

Brand an Flughafen in Nairobi
Incendie à l'aéroport de NairobiImage : Reuters

L'incendie qui a détruit en début de semaine une partie de l'aéroport de Nairobi est aussi évoqué dans la presse allemande. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que l'aéroport Jomo-Kenyatta est la principale plaque tournante du trafic aérien en Afrique de l'est, c'est aussi l'aéroport d'attache de Kenya Airways, l'une des compagnies aériennes africaines qui croît le plus rapidement. Avec 6,2 millions de passagers l'an dernier, l'aéroport a battu un nouveau record.

Le Tagesspiegel note qu'il a été inauguré en 1958, et conçu à l'époque pour 2 millions de passagers. Raison pour laquelle il est en voie d'agrandissement depuis 2005. Mais à l'évidence, poursuit le journal, une installation d'aspersion d'eau a été oubliée dans les travaux de modernisation. Une brigade de pompiers n'est pas non plus prévue dans le budget. Et les pompiers de Nairobi sont peu fiables.

Selon le Daily Nation, les pompiers de la capitale, une ville de 3 millions d'habitants, ne possèdent aucun véhicule d'extinction en état de fonctionner. Les trois derniers ont été vendus aux enchères en 2009 parce que les pompiers n'étaient pas en mesure de payer une facture de réparation de 1.000 dollars.

Chaos persistant en Tunisie

Proteste Tunesien
Manifestation à Tunis, 6 août 2013Image : picture alliance / abaca

La crise en Tunisie inspire à die tageszeitung un commentaire publié en première page. On y lit ceci : le gouvernement proclame que sa démission pourrait plonger le pays tout entier dans le chaos. Or, le chaos règne déjà : assassinats politiques d'opposants, terrorisme salafiste à la frontière, milliers de jeunes gens recrutés comme guerriers de Dieu pour la Syrie, étudiantes voilées qui menacent des professeurs d'université.

Reste à savoir quelle force politique pourrait convoquer des élections, poursuit le journal. Un gouvernement d'union nationale formé de technocrates? La notion est floue mais, souligne le journal, il vaut quand même la peine d'essayer de contrer, par la compétence, la crise persistante dans le pays.