1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Mba Obame rentre au Gabon

Aude Gensbittel, avec AFP, Afrik.com, SlateAfrique12 août 2012

Après plus d’un an à l’étranger, l’opposant André Mba Obame est rentré samedi soir à Libreville. Celui qui s’était autoproclamé président en 2011 a annoncé une prochaine enquête de la CPI sur des crimes du régime.

https://p.dw.com/p/15oQ2
André Mba Obame
André Mba ObameImage : cc-by-sa Ernest A. TEWELYO

Ses partisans avaient craint des problèmes, voire même qu'on l'empêche d'entrer dans le pays, mais c'est finalement sans encombres qu'André Mba Obame est rentré chez lui samedi 11 juillet au soir. Malgré la dissolution de son parti, l'Union nationale, et l'interdiction de rassemblement qui frappe celui-ci, des milliers de sympathisants sont venus accueillir l'opposant gabonais à l'aéroport de Libreville et ont célébré son retour dans la liesse. Un retour que le gouvernement gabonais a qualifié de "non événement".« La CPI est à nos portes »

Le scrutin présidentiel de 2009 avait été suivi d'émeutes
Le scrutin présidentiel de 2009 avait été suivi d'émeutesImage : AP

Après l'élection du président Ali Bongo Ondimba en 2009, une élection contestée par l'opposition, des émeutes avaient éclaté à Port Gentil, dans l'ouest du pays. Selon le bilan officiel, ces émeutes ont fait trois morts, mais ce chiffre est remis en cause par l'opposition. André Mba Obame, lui, parle d'une soixantaine de morts. « On a massacré des gens à Port Gentil. On les a jetés par hélico », affirme-t-il.

Selon lui, la Cour pénale internationale (CPI) va bientôt annoncer officiellement l'ouverture d'une enquête sur ces événements. De retour au pays, la première revendication de l'opposant est l'organisation d'une conférence nationale souveraine. André Mba Obame estime que « c'est le seul moyen de sortir le pays de la crise sans verser du sang ». Mercredi dernier, les responsables de la société civile avaient eux aussi invité la classe politique à tenir des assises nationales, pour « sortir de la crise sociale et politique qui paralyse le pays ». Réponse cinglante du gouvernement : « le Gabon ne connaît aucune crise sociale, aucune crise politique, aucune crise institutionnelle. Une conférence nationale ne se justifie pas. »Un personnage controversé

Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame étaient alliés avant la présidence de 2009
Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame étaient alliés avant la présidence de 2009Image : AP

Malgré la violence de ses critiques contre le régime aujourd'hui, André Mba Obame n'a pas toujours été dans l'opposition : il a même passé la plus grande partie de sa carrière politique du côté du pouvoir, sous le père de l'actuel président, Omar Bongo Ondimba. Entre 1997 et 2009, il exerce plusieurs postes de ministre, notamment celui de l'Intérieur. Des fonctions notamment marquées par l'arrestation de membres de la société civile et la répression de mouvements syndicaux.

Suite à la mort du président, en 2009, il rompt ses liens avec Ali Bongo Ondimba et se présente contre lui à l'élection présidentielle, éclipsant la candidature d'un opposant de longue date, Pierre Mamboundou. Arrivé à la deuxième place, il conteste la victoire d'Ali Bongo Ondimba. En 2010, il fonde un nouveau parti d'opposition, l'Union nationale, avec un ancien rival, Zacharie Myboto.

Le 25 janvier 2011, André Mba Obame s'autoproclame président du Gabon. Il se réfugie ensuite dans les locaux d'une agence onusienne à Libreville, où il restera un mois. Son parti est dissous et son immunité parlementaire levée. Après les 14 mois qu'il a passé en France pour raisons de santé, on ignore encore si la justice gabonaise reprendra ses poursuites contre lui. Elle l'accusait à l'époque de "trouble à l'ordre public".