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Maliki s'accroche au pouvoir en Irak

Philippe Pognan12 août 2014

Le président Fouad Massoum a chargé le chiite Haidar al-Abadi,de former un nouveau gouvernement. Un choix qui traduit une prise de distance vis-à-vis du chef de gouvernement en place, Nouri al-Maliki, lui aussi chiite.

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Après deux mandats, Nouri al-Maliki semble bien devoir perdre définitivement le pouvoir
Après deux mandats, Nouri al-Maliki semble bien devoir perdre définitivement le pouvoirImage : Reuters

Ils sont de plus en plus nombreux à prendre leur distance vis-à-vis du Premier ministre irakien qui dirige le gouvernement depuis huit ans. Ce n'est pas pour autant que Nouri Al-Maliki, 64 ans, accepte la décision du président Fouad Massoum. Il compte même déposer une plainte devant la justice. Selon Aymenn Jawad Al-Tamimi, analyste au Middle East Forum, il est clair que Maliki s'accroche au pouvoir:

« Il y a deux raisons qui expliquent pourquoi Maliki s'accroche au pouvoir. D'abord parce que c'est très lucratif il gagne des millions de dollars par an en tant que Premier ministre. Ensuite il ne veut pas partir en tant que celui qui serait responsable de l'éclatement du pays. »

Violation de la Constitution ?

Irak Haider Al Abadi nominiert als Premierminister Archiv 15.07.2014
Haidar Al Abadi était jusqu'ici vice-président du ParlementImage : picture-alliance/dpa

Entouré d'une trentaine de fidèles de son bloc chiite, Nouri al Malikia a dénoncé lundi soir la nomination de Haidar al Abadi comme "une violation de la Constitution" menée avec le soutien des Etats-Unis.

Mais dans quelle mesure les Etats Unis peuvent-ils vraiment influer sur l'évolution de la situation en Irak ? Selon Julien Barnes-Dacey, chercheur à l'European Council on Foreign Relations, l'administration américaine se montre prudente : « Les Américains ne veulent pas exiger le départ de Maliki sans avoir la possibilité de faire réaliser cette exigence. Et leur soutien au président Massoum n'est pas un soutien personnel mais un soutien politique pour une procédure constitutionnelle qui aboutirait au départ de Maliki. »

L'Iran se détache aussi

Les Américains ne sont pas les seuls à souhaiter le départ de Maliki. Entretemps, ce dernier a aussi perdu le soutien de son voisin chiite, l'Iran, considéré pourtant comme son principal allié dans la région.

Face à l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique qui contrôlent une grande partie du pays, la communauté internationale a, elle, salué la nomination d'un nouveau Premier ministre.

Des milliers de familles fuient dans les montagnes du Sinjar pour échapper à la terreur des jihadistes de l'Etat islamique
Des milliers de familles fuient dans les montagnes du Sinjar pour échapper à la terreur des jihadistes de l'Etat islamiqueImage : Reuters

Sur le plan intérieur, les Kurdes, les sunnites et même de nombreux chiites rendent Maliki responsable de la détérioration de la situation politique et sécuritaire. Aymenn Jawad Al-Tamimi du Middle East Forum résume ainsi la situation : « Les choses n'avancent pas avec Maliki. Il divise trop, il est trop autoritaire et trop paranoïaque. Les choses ne peuvent pas changer pour le mieux du jour au lendemain mais s'il restait au pouvoir la situation empirerait encore ! »

Haidar al Abadi, qui dispose de 30 jours pour former son gouvernement, a déclaré de son côté qu'il inclurait toutes les forces politiques du pays dans son cabinet.