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Mémoires de porc-épic, d'Alain Mabanckou

23 mars 2011

Dans ce roman, il est question d’un porc-épic qui raconte ses mémoires mais aussi de sorcellerie, de mangeurs d’enfants et d’alter ego.

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Image : picture-alliance/dpa

L’alter ego, c’est le double animal et de ce point de vue, Alain Mabanckou revisite avec dérision les légendes populaires africaines selon lesquelles chaque être humain aurait son double – son totem – dans le monde animal. Dans le cas qui nous intéresse il s’agit d’un méchant homme, Papa Kibandi, « mangeur » d’êtres humains – mangeur au sens du sorcier qui lance des sorts fatals. Et pour assurer la sale besogne, il a recours à son double, un porc-épic qui se sert de ses piquants comme de redoutables sagaies.

Pourquoi le choix de ce livre ?

Certainement pas pour les capacités d’identification qu’offre cet ouvrage. En effet, il n’est pas forcément évident de s’identifier à un porc-épic : un animal solitaire, myope et qui limite sa vie sociale aux activités de reproduction si j’en crois la définition de Wikipedia. Donc pour ceux qui adorent se projeter dans la peau d’un héros ce livre n’est pas pour vous.

DW-Redakteure empfehlen afrikanische Bücher - Jean-Michel
Jean-Michel Bos a dévoré le "Porc-épic" de Mabanckou.Image : DW / Köpp

Si je l’ai choisi, ce livre, ce n’est pas non plus pour battre le record mondial de lecture en apnée. En effet, l’absence de points fait que ce roman est une longue phrase sans début ni fin. Ça coupe un peu le souffle au début mais à la longue on s’y fait. Et puis cela donne un effet de conte oral qui a son charme.

Non, si j’ai choisi de vous présenter ce livre c’est parce qu’il y a dans ce roman – notamment dans le personnage d’Amédée, un jeune homme séduisant et cultivé, qui a fait des études en Europe – une auto-dérision vis-à-vis de sa culture, de ses racines, un sentiment d’étrangeté que l’auteur lui-même a probablement ressenti en revenant chez lui après avoir étudié en France et qu’il ressent sans doute encore aujourd’hui puisqu’il enseigne la littérature francophone à Los Angeles.

C’est donc cette mélancolie qui est touchante et aussi cette empathie pour ses anciens amis, ses proches qui se débattent face aux coups du destin. Donc beaucoup d’humour, toujours, une émotion qui pèse sur la poitrine, tout autant que l’absence de points, et la tendresse de celui qui jette un regard sur son enfance disparue.

Auteur: Jean-Michel Bos
Edition: Sandrine Blanchard