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Les déboires de Jose Socrates

Philippe Pognan24 novembre 2014

Le socialiste et ancien Premier ministre portugais a été arrêté vendredi soir à l'aéroport de Lisbonne, en provenance de Paris, dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale, blanchiment d'argent et corruption.

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Jose Socrates, Portugals Ex-Regierungschef
Image : Getty Images

L'affaire continue de faire couler beaucoup d'encre au Portugal, mais aussi dans toute l'Europe. Après une troisième nuit en garde à vue, le socialiste, José Socrates, 57 ans, qui a gouverné le pays entre 2005 et 2011, a été d'ailleurs de nouveau interrogé ce lundi par un juge d'instruction du Tribunal central de Lisbonne. La presse allemande commente largement l'affaire.

Un "sonnyboy " en détention. Sous ce titre, l'éditorialiste du quotidien de Münich Süddeutsche Zeitung rappelle qu'à côté de l'Allemand Gerhard Schröder, du Britannique Tony Blair et de l'Espagnol Jose Luis Zapatero, Jose Socrates faisait partie de ces sociaux-démocrates européens "bon chic-bon genre " au style de vie hédoniste, loin des préoccupations du monde des petites gens qui à l'origine étaient pourtant la base même de leurs partis. Tous les quatre ont échoué pour des raisons diverses.

L'alerte a été donnée par la banque publique portugaise

Bank Caixa Geral de Depositos
La banque Caixa Geral de Depositos aurait alerté les autorités fiscalesImage : picture alliance / dpa

Les enquêteurs s'interrogent sur de gros transferts de fonds sur le compte de l'ancien chef de gouvernement socialiste, transferts incompatibles avec les revenus déclarés par Socrates au fisc.

Entre autres, la justice s'intéresse de près au coût d'un appartement de luxe acheté à Paris par Socrates, estimé à trois millions d'euros. Le domicile de Jose Socrates à Lisbonne a été perquisitionné. "Que Socrates soit en détention préventive pour plusieurs délits financiers n'agitera pas le Portugal, estime la Süddeutsche Zeitung. Les Portugais le considéraient déjà comme le principal responsable de la crise qui frappe leur pays et de l'humiliation de devoir s'abriter sous le parapluie de secours européen aux prix de la perte provisoire de la souveraineté politique. La grande majorité de la population approuve l'action de la justice ! " conclut le journal.

Corruption, blanchiment d'argent et fraude fiscale

Le socialiste est donc accusé d'avoir gravement nui à son pays. "Mais ce n'est qu'un aspect de l'affaire, relève la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Un autre aspect est le fait que des années durant, Socrates comme de nombreux autres politiciens et fonctionnaires, se sentait apparemment à l'abri d'investigations judiciaires. Le journal revient en arrière, en 1986, année de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à l'Union européenne. Depuis longtemps déjà, on ne peut plus ignorer le revers de la médaille de la modernisation rapide de ces deux pays, grâce aux milliards venus de Bruxelles. D'abord, des pans entiers de l'économie sont devenus incontrôlables, relève la FAZ, ensuite une grande partie des „élites“ politiques de tous bords s'est révélée sensible à l'abus de pouvoir pour se remplir les poches."

"En ces temps de crise, le seuil de tolérance vis-à-vis de la corruption est bas", estime le journal Badische Neueste Nachrichten. Plus de gens sont entraînés vers la pauvreté et plus insupportable est la richesse effrontée de quelques uns. Encore plus si cette richesse a été raflée par des sales méthodes " peut-on lire dans le journal.

Armen Viertel in Mouraria Portugal
Un quartier pauvre de MourariaImage : DW
Lissabon (Bildergalerie UGC)
Une vue de la capitale LisbonneImage : Erfan Mafakheri