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Le combat pour l'éducation

Claire-Marie Kostmann18 juillet 2014

Cette semaine, dans les journaux allemands, il est question de la lutte contre la secte Boko Haram au Nigeria mais aussi de l'œuvre du Prix Nobel de littérature, la Sud-Africaine Nadine Gordimer, décédée le 13 juillet.

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La jeune Malala Yousafzai (deuxième en partant de la gauche) est allée à Abuja soutenir les familles des lycéennes kidnappées dans le nord-est du Nigeria
La jeune Malala Yousafzai (deuxième en partant de la gauche) est allée à Abuja soutenir les familles des lycéennes kidnappées dans le nord-est du NigeriaImage : Reuters

Die Welt donne la parole à l'ex-président nigérian, Olusegun Obasanjo, qui a dirigé le pays jusqu'en 2007. Pour l'ex-général, « il ne faut pas beaucoup d'argent à Boko Haram pour faire du mal. » Le septuagénaire affirme que ce n'est pas à la communauté internationale de régler le problème de la secte islamiste, c'est au Nigeria lui-même. Même s'il est d'accord pour demander de l'aide aux services secrets étrangers. Il énumère les facteurs qui ont permis à l'organisation terroriste d'être aussi puissante et meurtrière aujourd'hui : la pauvreté – car même si le pays est la première puissance économique du continent africain, 100 des 180 millions d'habitants vivent dans une grande pauvreté – le trafic d'armes et de drogues, ainsi qu'une mauvaise interprétation de l'islam. Sans oublier les inégalités entre le sud du pays, chrétien et riche, et le nord, à dominante musulmane et plus pauvre. « Certains problèmes se règlent en quelques mois, pour d'autres, il faudra des décennies », souligne Olusegun Obasanjo dans Die Welt.

L'ancien président nigérian se désole aussi du système éducatif, dont les failles conduisent des jeunes à s'engager ensuite au sein de Boko Haram. « Il y a suffisamment d'argent dans le pays pour envoyer tous les enfants à l'école ». Au Nigeria, deux tiers des 10 millions d'enfants qui ne vont pas à l'école sont des filles.

L'éducation des filles, c'est le combat choisi par la jeune et courageuse Pakistanaise Malala Yousafzai. La jeune fille est célèbre pour avoir lutté pour aller à l'école dans son pays et avoir échappé à une tentative d'assassinat des talibans. Malala, qui vit aujourd'hui en Angleterre, a fêté ses 17 ans au Nigeria, écrit Die Welt, alors qu'elle venait soutenir les familles des 200 lycéennes kidnappées par Boko Haram. « Mon seul souhait, c'est que les filles soient libérées, tout de suite. Je les considère comme mes sœurs», lance la lauréate du prix Sakharov pour la liberté de l'esprit et les droits de l'Homme, remis par le Parlement européen. Shettima Haruna, la mère d'une lycéenne enlevée, la remercie d'être présente, poursuit le journal. Car le mouvement « Bring back our girls » a beau avoir fait du bruit sur Internet et les réseaux sociaux, des personnalités du monde entier ont beau avoir posé avec un carton où étaient écrits ces fameux mots, rien n'a bougé depuis avril et leur kidnapping dans un lycée de Chibok, dans le nord-est du pays. Ces soutiens n'ont pas fait peur aux membres de la secte islamiste. Les familles dénoncent aussi l'échec du gouvernement nigérian, qui n'arrive pas à les retrouver. « Merci d'être là, dit Shettima à la jeune Malala, car sans votre soutien, l'intérêt pour nos filles serait complètement mort. »

Malala réclame la libération immédiate de «ses soeurs» nigérianes
Malala réclame la libération immédiate de «ses soeurs» nigérianesImage : Reuters

La presse célèbre Nadine Gordimer

Les journaux sont nombreux cette semaine à saluer la mémoire de l'écrivain sud-africaine, Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature, décédée le 13 juillet, à l'âge de 90 ans. La presse ne tarit pas d'éloges sur cette grande dame de la littérature. « Le mot comme arme », titre Die Zeit ou encore « une écrivaine à la magnifique écriture épique », souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « l'Afrique du Sud perd une de ses icônes », assure la Neue Zürcher Zeitung. Cette descendante d'immigrés juifs « était une Lady et une combattante courageuse de l'apartheid. La vie et l'œuvre de Nadine Gordimer étaient en permanence sous tension, entre la vocation artistique et l'engagement public », note le journal, qui rappelle que lorsqu'elle a reçu le prix Nobel, elle était à peine connue des Sud-Africains blancs.

La presse germanophone salue la mémoire de Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature
La presse germanophone salue la mémoire de Nadine Gordimer, Prix Nobel de littératureImage : picture alliance/dpa

Der Tagesspiegel se souvient d'une image, celle de Nadine Gordimer, déjà Prix Nobel de littérature en 1991, à côté de Nelson Mandela, qui vient de recevoir son Nobel de la paix, en 1993, à Stockholm. Tous deux ont le poing levé et chantent l'hymne national de leur pays. « Cette photo est devenue une icône, elle montre une nouvelle Afrique du sud », s'enthousiasme le journal. « Nadine Gordimer a partagé la lutte sans faille de Mandela contre l'apartheid. Elle a aussi écrit sur la désillusion et la « gueule de bois » de l'Afrique du Sud après l'ère Mandela. Ce regard depuis l'intérieur de la société était la grande force de Nadine Gordimer », conclut le Tagesspiegel.

« Cette grande dame à l'esprit indépendant n'a pas épargné l'ANC de ses critiques, ces dernières années. Elle trouvait que le pouvoir était sur la mauvaise pente », ajoute die tageszeitung, pour qui cette résistante était une vraie chroniqueuse des contradictions de son pays.

Le guépard, la folie des riches

De nombreux guépards sont capturés en Afrique de l'Est avant d'être envoyés dans la péninsule arabique
De nombreux guépards sont capturés en Afrique de l'Est avant d'être envoyés dans la péninsule arabiqueImage : DW/S. Duckstein

Die tageszeitung alerte également sur la situation des guépards en Afrique. La dernière folie des riches dans les pays du Golfe est d'avoir un guépard comme animal de compagnie de luxe, dénonce le journal berlinois, qui reprend un rapport de la société zoologique de Londres pour la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Les félins sont capturés illégalement en Afrique de l'Est, avant de rejoindre la péninsule arabique. 70 animaux ont été attrapés l'an dernier en Namibie, plus d'une cinquantaine en Somalie, avant vraisemblablement d'être envoyés dans les États du Golfe. Alors que dans le monde, il ne reste plus que 7000 à 10 000 guépards à l'état sauvage. Apparemment, une fois capturés, les guépards sont envoyés vers le Yémen à partir du nord de la Somalie.

De là, ils rejoignent par la voie terrestre le salon d'une riche famille d'Arabie saoudite ou d'un autre pays du Golfe. Sauf que 70% des animaux meurent pendant le voyage, s'indigne die tageszeitung. Les amateurs de guépards sont prêts à débourser jusqu'à 10 000 dollars pour avoir un tel animal à domicile. Ils peuvent facilement être domestiqués s'ils sont attrapés bébés. Et les images sont nombreuses sur les réseaux sociaux, à montrer un guépard en train de jouer avec les enfants de la famille ou assis sur le siège passager d'une voiture.