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L'Angola, champion du monde des inégalités sociales ?

Johannes Beck et Sandrine Blanchard31 juillet 2012

À un mois des législatives, l'action du MPLA au pouvoir depuis 1975 se solde par un échec social : le contraste est criant entre la richesse de la famille du président et la majeure partie des Angolais.

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Quartier populaire de Luanda
Quartier populaire de LuandaImage : Getty Images/AFP

C'est ce 31 juillet que commence la campagne électorale pour les législatives en Angola. Pour la troisième fois de leur histoire, les Angolais sont appelés à renouveler leur parlement. Le scrutin aura lieu dans un mois. Le président José Eduardo do Santos est au pouvoir depuis 32 ans et, comme son parti, le MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola), a aboli l'élection présidentielle directe, c'est aussi l'action du chef de l'État qui sera jugée au travers des urnes.

Des pétrodollars par milliards

Demonstration in Benguela Angola
Manifestation à Benguela (sud du pays) début 2012Image : DW

Au cœur des critiques au régime : le contraste criant entre la richesse personnelle de la famille du président et la pauvreté de la majeure partie de la population. Comment expliquer cette précarité dans un pays où les pétrodollars se comptent par milliards ?

Quand il dénonce la concentration des richesses entre les mains de trois grandes familles dans sa chanson "O país do pai banana", le rappeur MCK se fait l'écho du ras-le-bol d'une population angolaise qui en a assez. Depuis l'année dernière, les manifestations se multiplient, pour appeler à davantage d'équité et à l'alternance politique.

Pourtant, sur le papier, l'économie angolaise se porte bien, avec une croissance qui dépassait les 20% entre 2005 et 2007. De quoi faire rêver la plupart des autres États du monde.

« Cette accélération de la croissance a permis à une douzaine de personnes de s'enrichir, estime MCK. La seule chose qui ait vraiment augmenté durant ces années, ce sont les infrastructures. Ce qu'on appelle la croissance par le béton. »

Une pauvreté pourtant visible

Angola Luanda Küste
Le béton comme recette miracle ?Image : AP

Dans certains quartiers de Luanda, la capitale, les promoteurs brésiliens, portugais ou chinois construisent à un rythme effréné des immeubles de bureaux et des habitations de luxe. C'est le pétrole qui permet de financer ces chantiers : l'Angola est le deuxième pays exportateur de brut du continent après le Nigeria.

Il suffit de faire un tour dans les quartiers populaires de Luanda pour constater l'ampleur de la pauvreté. Pas d'eau courante, pas d'électricité, pas de soins de santé de base, une mortalité infantile très élevée... sont le quotidien de nombreux habitants. De quoi s'inquiéter, selon l'écrivain José Eduardo Angualusa :

« L'Angola est sans doute le pays avec les plus grandes disparités sociales au monde. Nulle part ailleurs, les riches exhibent leurs richesses avec tant d'ostentation. Cela pourrait mener à une explosion sociale. Le danger est bien réel. »

Des fonds détournés

Symbolbild Angola Wahlen
Des élections qui risquent de ne pas changer grand choseImage : picture-alliance/dpa

Même le MPLA au pouvoir a fait de la meilleure répartition des richesses son slogan de campagne. Mais pour l'instant, un rapport du Fonds monétaire international (FMI) demande où sont passés les 42 milliards de dollars de l'exploitation pétrolière de ces cinq dernières années, gérée par une entreprise publique. 42 milliards, une somme qui représente plus que le PIB de certains pays comme le Kenya, l'Éthiopie ou le Ghana.

En dépit de ce bilan médiocre du MPLA sur le plan social, les chances de voir l'opposition remporter le scrutin du 31 août sont restreintes. Le parti, au pouvoir depuis l'indépendance de 1975, contrôle tous les principaux organes du pays et dispose d'un budget illimité pour mener sa campagne.