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La RCA exsangue, six mois après le coup d'État

Ramata Soré24 septembre 2013

Six mois jour pour jour après la prise du pouvoir par la rébellion Séléka, la Centrafrique est dans un état sécuritaire et humanitaire chaotique. Les tensions entre pro-Bozizé et anciens rebelles ont exacerbé la crise.

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Former rebel leader Michel Djotodia takes the oath during a swearing-in ceremony on August 18, 2013 in Bangui. Former rebel leader Michel Djotodia was sworn in as president of the Central African Republic on August 18, five months after seizing power in the violence-wracked country. The former French colony's sixth president is tasked with restoring security in the impoverished state and steering the nation through a transition period leading to fresh polls within 18 months. AFP PHOTO/STRINGER (Photo credit should read STR/AFP/Getty Images)
Image : STR/AFP/Getty Images

Selon la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), des hommes de la Séléka, l'ex-rébellion qui a renversé en mars dernier le président François Bozizé, ont commis près d'un millier de meurtres. Et des crimes continuent d'être commis dans le pays. Joseph Bidoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, raconte :

"Depuis le coup d’État, ceux qui ont pris le pouvoir n’ont pas réussi à ramener la sécurité dans le pays. Aucune administration ne fonctionne dans l’arrière-pays. Du point de vue de la sécurité, il ne se passe aucun jour sans qu’on nous signale des crimes. Par exemple, vous arrivez, vous trouvez quelqu’un et vous tirez sur lui et vous le tuez. Ou bien pour lui demander son téléphone, vous tuez deux ou trois personnes pour ça. Ce sont des situations que nous vivons tous les jours. On peut violer une femme en présence de son mari, on peut violer les enfants en présence de ses parents."

L'ONU affirme que plus de 1,6 million de Centrafricains ont urgemment besoin d'assistance. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 60.000 personnes ont fui vers les pays voisins. À lui seul, le Cameroun a accueilli environ 40.000 Centrafricains. Vu cette situation, le pessimisme gagne le politologue camerounais René Joly Assako :

Troops in charge of disarmement ride through Bangui on September 5, 2013. Authorities in the Central African Republic have begun a new disarmament campaign aimed mainly at rebels who overthrew in March 2013 President Francois Bozize, who had ruled since a 2003 coup. Public Security Minister Jose Binoua said on September 4 the campaign is a response to a surge in robberies, auto thefts, rapes and murders blamed largely on fighters with the Seleka rebel movement. The rebels' leader, Michel Djotodia, was sworn in as president last month, but has so far struggled to restore stability. AFP PHOTO / PACOME PABANDJI (Photo credit should read PACOME PABANDJI/AFP/Getty Images)
Crise humanitaire et sécuritaire en Centrafrique.Image : P.Pabandji/AFP/GettyImages

"On peut bien avoir des compétences militaires, mais une fois le pouvoir conquis, il faut prendre les rennes du pouvoir et continuer à contrôler les troupes. Au niveau de la Séléka, le président Djotodia ne contrôle plus ses troupes. Tous les problèmes de l’après-guerre sont liés à un processus de reconstruction de l’État et cette reconstruction n’est pas qu’économique. Elle est institutionnelle, elle est sociale, elle est politique. Malheureusement, ce qui arrive dans ce genre de situation, c’est qu’on doit tout bien faire et dans l’urgence et à ce moment-là, il faut que les moyens suivent. Les Centrafricains doivent encore malheureusement prendre leur mal en patience parce que je ne vois pas demain la fin de ce qui est en train de se passer en Centrafrique."

Joseph Bidoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, fustige le fait que la force française présente en Centrafrique ne fasse rien pour protéger les populations. Toutefois, à la 68ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'ouvre aujourd'hui à New York, la situation centrafricaine fera l'objet de discussions.