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La démocratie au Burundi, une simple façade?

Philippe Pognan8 mai 2015

A Bujumbura, les protestations ont fait 18 morts depuis le 26 avril. La situation au Burundi est le sujet africain le plus commenté dans la presse allemande.

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Burundi Proteste in Bujumbura
Colère à BujumburaImage : Reuters/J. P. Aime Harerimana

"Un président qui s'accroche au pouvoir et interprète la constitution comme il l'entend, un phénomène fréquent en Afrique", souligne la Süddeutsche Zeitung. "Mais quand cela se passe au petit Burundi, alors les souvenirs de la guerre civile et du génocide refont surface."

Dans la région, l'inquiétude grandit - que la situation ne dégénère encore plus, et que les vieux ressentiments et les anciens loyalismes ressurgissent, notamment au sein de l‘armée. Celle - ci a été reconstituée après la fin de la guerre civile en faisant l'amalgame entre Hutus et Tutsis. Une inquiétude alimentée par des informations selon lesquelles une milice burundaise fidèle au pouvoir, et qui, à plusieurs reprises, a participé à des attaques contre des opposants, serait en contact avec les rebelles FDLR. Une milice qui a succédé aux génocidaires rwandais et qui jusqu'à ce jour maraude dans l'Est du Congo voisin. Déjà plus de "30. 000 personnes ont fui les violences au Burundi pour se réfugier dans les pays voisins; la plupart d'entre elles,- près de 25. 000 - au Rwanda.

Burundi Proteste in Bujumbura
Un soldat devant une barricade en feu érigée par les manifestantsImage : Reuters/J. P. Aime Harerimana

"Une nouvelle guerre menace" redoute aussi la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et cela seulement dix ans après la fin de la guerre civile qui a duré douze années et à la fin de laquelle, en 2005, Pierre Nkurunziza avait été élu à la présidence par le Parlement.


Le Burundi est un Etat extrêmement fragile. Le pays connaît les mêmes tensions ethniques que son voisin du nord, le Rwanda entre Tutsis et Hutus, même si les rôles sont inversés : au Burundi ce sont presque toujours des Hutus qui ont été victimes de violences perpétrées par les Tutsis. 85 % de la population se considèrent comme faisant partie de l'ethnie Hutu, 14% se qualifient de Tutsis.

Pierre Nkurunziza n'est que le troisième Hutu à la présidence de l'Etat. Le premier, Melchior Ndadaye, a été assassiné en 1995. Le second, Domitien Ndayizeye, a conduit le gouvernement transitoire de 2003 à 2005, après que le Tutsi Pierre Buyoya ait eu quitté le pouvoir de son plein gré. La FAZ rappelle que ce partage du pouvoir avait été alors internationalement célébré comme un modèle de coexistence pacifique des groupes ethniques et comme seule solution viable dans ce pays profondément divisé.

Burundi Oppositioneller festgenommen
Le 6 mai, la police arrête Audifax Ndabitoreye , candidat de l'opposition à l'élection présidentielleImage : picture-alliance/AP Photo/Delay

Le non - respect de la Constitution

Un thème actuel au Burundi comme dans d'autres pays africains et qui fait aussi l'objet de commentaires dans la presse de langue allemande...

"Le Burundi se place dans la cohorte des pays africains dont les dirigeants cherchent ces dernières années à contourner la Constitution pour se maintenir au pouvoir" écrit la Neue Zürcher Zeitung sous le titre: "La facade démocratique du Burundi".

Pour la démocratie dans la région, les évènements au Burundi ne sont pas un modèle, souligne l'éditorialiste. La plupart des observateurs considèrent déjà les systèmes pluripartites dans beaucoup de pays de la région comme des "villages de Potemkine", comme de simples façades sans rien derrière. En RDC, des troubles se sont aussi produit s après que le président Joseph Kabila avait annoncé vouloir reporter les élections prévues en 2016. L'opposition craint qu'il envisage d'amender la constitution pour s'accorder un mandat supplémentaire. A son tour, Paul Kagamé, le Président du Rwanda longtemps acclamé par l'Occident, a signalisé qu'il veut se représenter à l'élection présidentielle de 2017. Ce serait pour lui également le troisième mandat, là aussi une infraction à la constitution.