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La Centrafrique, vraiment "une et indivisible"?

Eric Topona18 août 2014

La partition de la République centrafricaine est-elle en train de devenir une réalité ? Par communiqué, l’ex-coalition Seleka a annoncé la création de l’Etat autonome du Dar El Kouti, basé dans le nord... puis démentie.

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"La République centrafricaine, une et indivisible"... pour combien de temps?Image : Reuters

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La décision N 003, de la création du nouvel Etat autonome dans le nord de la RCA, porte l’estampille du président du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique Michel Djotodjia. Problème : le document n’est pas signé par l’ancien président de la transition centrafricaine, qui est pourtant désigné par le document comme le chef d’Etat et de gouvernement de ce nouvel Etat, le Dar El Kouti.

Dans la foulée, le communiqué institue un gouvernement de onze membres. Parmi ces "ministres", on retrouve les principaux responsables de la Seleka. Abakar Sabone est désigné comme Secrétaire d’Etat à l’Education nationale. Nous avons pu le joindre en début de soirée. Même s’il se dit surpris par la publication de cette information, Abakar Sabone ne nie pas l’existence des velléités séparatistes dans les rangs de la Seleka.

L'entretien de la DW avec Abakar Sabone

Zentralafrikanische Republik Seleka Rebellen
Des combattants de l'ex-Seleka escortés par Sangaris et la MiscaImage : ISSOUF SANOGO/AFP/Getty Images

DW: Comment avez-vous réagi à ce communiqué signé de la Seleka, instituant un Etat autonome dans le nord du pays?

Abakar Sabone : Nous avons aussi été surpris hier [dimanche 17 août], c’est un membre porte-parole de la Seleka qui a envoyé ce document, qui n’est même pas signé du président, mais qui est au nom de Michel [Djotodia]. Ils ont publié. Et moi, je ne me retrouve pas là-dedans. Moi, j’ai mon mouvement, le MLCJ, qui est signataire des accords de Brazzaville. Je suis resté dans la logique du respect de ces accords. Et j’ai été surpris de voir mon nom qui figure sur ce document.

Donc, il n’y a pas d’initiative. Je suis avec le Président Michel [Djotodia]. Lui-même était vraiment remonté. Il a même suspendu Mal-mal, celui qui a envoyé le communiqué.

DW : Selon vous, dans quel but ce communiqué a-t-il été envoyé à la presse ?

Abakar Sabone : A mon avis, c’est un projet en élaboration. C’est une fuite en avant.

DW : Si ce projet est en préparation, qui est derrière cela ?

Abakar Sabone : Je crois qu’à Brazzaville, la Seleka a bien mentionné qu’elle était pour la partition.

DW : Et vous ne faites pas partie de la Seleka, Abakar Sabone ?

Abakar Sabone : Non, non, non. Moi, j’ai mon mouvement qui était signataire de l’accord global de paix de Libreville. Et en même temps, hier, j’ai signé au nom de mon mouvement, le MLCJ, à Brazzaville. Je ne fais pas partie de la Seleka. Quand la Seleka a pris le pouvoir, moi j’étais encore dans le gouvernement de Bozizé à Bangui.

DW : Et quelle est la réaction du bureau politique de la Seleka suite à ce communiqué ?

Michel Djotodia prend ses distances avec l'annonce
Michel Djotodia, chef de l'ex-Seleka, prend ses distances avec l'annonceImage : Getty Images/Afp/Eric Feferberg

Abakar Sabone : Hier, j’étais avec le Président Michel Djotodia quand on a eu l’annonce. Il était très remonté. Très, très remonté. Il a signifié que cela n’engage que ceux qui ont envoyé le document. La Seleka n’a pas encore pris la décision d’annoncer. C’est pourquoi je disais que peut-être c’est un projet en cours, et la personne a pris de l’avance. L’idée est là, mais le document ne provient pas du président de la Seleka.

DW : Donc, selon vous, même si la Seleka ne se reconnaît pas encore dans le document, l’idée d’une partition du pays est en gestation ?

Abakar Sabone : En gestation, oui. C’est leur cheval de bataille pour le moment."

(Propos recueillis par Eric Topona)

***

Dans un communiqué de presse publié lundi après-midi, le Secrétaire Général Adjoint du FPRC, qui a succédé à la Seleka, dément la création du nouvel Etat du Dar El Kouti. Selon le Dr Hamat Mal-mal Essène, dont le nom ornait le premier communiqué controversé, sa boîte émail a été piratée, dans le seul but de troubler les esprits. Il ne se reconnaît donc pas dans l'annonce publiée lundi.

Du côté des autorités de transition, écoutez la réaction du porte-parole du gouvernement centrafricain, Gaston Mackouzangba, en cliquant ci-dessous.

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