Justice à l'égyptienne
22 avril 2015Les quotidiens saluent le fait que Mohamed Morsi n'ait pas été condamné à mort. Mais selon la Süddeutsche Zeitung, c'est bien la seule chose positive à relever dans ce verdict. La liste des irrégularités est longue. Par exemple, on a empêché l'ancien président égyptien d'organiser une défense pour son procès. L'Egypte ne montre pas encore la volonté d'accorder un traitement juridique équitable aux violences commises pendant et après la révolution de 2011, constate la Süddeutsche. Depuis l'élection de l'ancien général Abdel Fattah al-Sissi à la tête du pays, seuls les Frères musulmans sont poursuivis. Peut-on appeler cela une justice indépendante ?
Les Égyptiens, du moins les juges, sont impitoyables avec leurs dirigeants, souligne Die Welt. Il est vrai que Morsi a abusé de son mandat et de la confiance de ses compatriotes en imposant son propre agenda et celui des Frères musulmans. Il a oublié qu'il aurait dû être le président de tous les Egyptiens, même de ceux qui réclamaient courageusement un État moderne, modéré et démocratique. Mais 20 ans pour ça ? En plus, rappelle Die Welt, ce n'est que le premier procès. Car Mohamed Morsi doit encore répondre d'accusations d'espionnage au profit du Qatar. Un cas de haute trahison, passible de la peine de mort.
La justice égyptienne teste la manière dont réagit la communauté internationale, exlique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le président Sissi va bientôt venir en Allemagne, il est en pleine campagne de reconnaissance internationale. Apparemment, les dirigeants égyptiens n'osent pas encore prononcer de condamnation à mort contre l'ancien président. Mais on ne peut pas exclure que les centaines de militants des Frères musulmans déjà condamnés soient exécutés. Pour montrer que c'est Le Caire qui décide.
Entrer dans la "forteresse Europe"
Oui, la presse allemande commente les mesures annoncées par les Européens pour répondre aux drames quotidiens en Méditerranée. Combien de personnes doivent laisser leur vie pour que l'Union européenne daigne convoquer un sommet d'urgence? demande ironiquement la taz. die tageszeitung. On sait maintenant qu'il en faut au moins mille. Le "problème des réfugiés" sera donc débattu jeudi, mais ce n'est pas une raison pour baisser la garde. Il n'y a pas la moindre lueur de changement à l'horizon. Cela impliquerait en effet de remettre en question la "forteresse Europe" et d'ouvrir des voies légales et sûres pour l'immigration. Or cette question ne figure pas au programme.