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Il y a un an : le début de la révolte syrienne

15 mars 2012

Le 15 mars 2011, le vent de contestation soufflait sur la Syrie, après avoir balayé la Tunisie, l'Egypte et la Libye. Un an après, le bilan est tragique : la répression a fait plus de 9000 morts selon les ONG.

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Image : AP

Une surprise pour le président Bachar al Assad qui, peu auparavant encore, se disait sûr d'échapper à la contestation populaire. Mais le printemps arabe n'a pas apporté le renouveau en Syrie : la contestation s'est transformée en une interminable guerre civile avec un lourd tribut de plusieurs milliers de morts. Et la fin des violences n'est toujours pas en vue.

Tout débute le 15 mars 2011: à Damas des étudiants osent protester contre le président syrien. Pour Bachar al Assad, même des élèves qui osent écrire des slogans libertaires sur les murs sont des terroristes ! Ses services de sécurité arrêtent et jettent les jeunes manifestants en prison. La contestation enfle alors et le régime répond par encore plus de brutalité : des tirs à balles réelles contre des civils désarmés, des milliers d'autres arrêtés torturés.

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Ibrahim Al-Jahamani, une victime de la torture pratiquée par la police syrienneImage : AP

Le terrorisme est pour le président Assad un véritable leitmotiv : "Il ne peut pas y avoir de compromis avec des terroristes armés qui sèment le chaos ! pas de compromis avec ceux qui complotent avec l'étranger contre nous !". Parallèlement, Bachar al Assad promet de réformer le pays: "Notre réforme a deux volets principaux: le premier concerne la politique, le second, la lutte anti-terroriste."

Main de fer dans un gant de velours

C'est une politique du bâton et de la carotte. Assad se considère comme un réformateur à la poigne de fer; il promet une nouvelle Constitution, un système pluripartiste et des élections libres ! Mais ce qui, un peu plus tôt encore, aurait été une véritable sensation, ne peut plus calmer la colère populaire. La force du président, c'est la division de ses adversaires dans le pays comme à l'étranger, explique le politologue et expert de la Syrie, professeur à l'Université américaine de Beyrouth , Hilal Khashan :
"La population syrienne est divisée sur le plan religieux et sur le plan ethnique. L'opposition contre Assad est divisée. Même les groupes représentés au sein du Conseil National Syrien sont divisés. La communauté internationale est divisée – même les pays occidentaux ne veulent pas intervenir en Syrie, préfèrent que les pays arabes s'en occupent. La Russie et la Chine ont une autre opinion que les autres grandes puissances. Et les pays arabes eux – mêmes sont aussi divisés: certains veulent donner une chance à Assad, d'autres, comme l'Algérie et le Liban prennent ouvertement parti pour lui, d'autres sont indécis. La force d'Assad est la division de ses adversaires et la polarisation de sa propre population."

Bashar al-Assad und Ehefrau Asma
Bashar al-Assad et sa femme Asma : le dirigeant syrien s'accroche au pouvoirImage : picture-alliance/dpa

Par deux fois des résolutions contre la Syrie au Conseil de Sécurité de l'ONU ont échoué en raison du véto de la Russie et de la Chine. Et une intervention militaire étrangère en Syrie reste peu probable, la communauté internationale redoutant que le conflit ne fasse tache d'huile dans toute une région déjà explosive.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Cécile Leclerc