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Soupçons sur l'armée nigériane

Claire-Marie Kostmann6 juin 2014

Dans la revue de presse hebdomadaire des journaux allemands : les soupçons de connivence entre l'armée nigériane et Boko Haram au Nigeria mais aussi la fuite des jeunes Érythréens pour échapper à la dictature.

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L'armée nigériane est soupçonnée de connivence avec Boko Haram
L'armée nigériane est soupçonnée de connivence avec Boko HaramImage : AFP/Getty Images

Die tageszeitung revient cette semaine sur une information selon laquelle des militaires nigérians ont été traduits en justice, accusés d'avoir aidé la secte islamiste Boko Haram. Tant de rumeurs ont circulé depuis l'enlèvement des 223 lycéennes et les attaques meurtrières de Boko Haram qui ont suivi. Pourquoi les violences ont-elles lieu au moment où les postes de police et les installations militaires sont défaillants ? Comment Boko Haram peut-il disposer d'un si bon équipement alors qu'il est basé dans des régions éloignées ?

Apparemment les rumeurs ne sont pas si fausses, écrit die tageszeitung qui cite le journal nigérian «Leadership». Selon lui, 15 militaires ont été reconnus coupables d'avoir collaboré avec le groupe armé. Ils lui auraient fourni des informations et des munitions. Les hommes n'ont pas été condamnés, un appel est encore possible, poursuit le journal. Amnesty International a rapporté qu'il y avait eu des contacts entre l'armée nigériane et Boko Haram. Elle a été prévenue de l'attaque du lycée de Chibok, quelques heures avant l'enlèvement des jeunes filles. Mais rien n'a été fait pour l'empêcher.

La Berliner Zeitung rappelle que Goodluck Jonathan a déclaré la « guerre totale » à la secte islamiste. Mais la marge de manœuvre est limitée pour récupérer les jeunes filles. Une opération de sauvetage comporterait trop de risques. L'armée nigériane le sait, depuis qu'une tentative de libération de deux otages de Boko Haram a échoué il y a deux ans. Les deux hommes, un Anglais et un Italien avaient été tués. Des soldats britanniques avaient déjà participé à l'opération.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a promis la «guerre totale» contre la secte islamiste
Le président nigérian Goodluck Jonathan a promis la «guerre totale» contre la secte islamisteImage : picture-alliance/AP Photo

Les experts militaires savent que c'est très difficile d'opérer en territoire ennemi. De plus, les jeunes filles ne sont sans doute plus ensemble, et en cas d'opération, elles pourraient être tuées par les islamistes. Le président nigérian n'a plus qu'une solution, estime le journal, c'est l'échange de prisonniers. Comme les Etats-Unis viennent de le faire en libérant des détenus de Guantanamo contre un soldat américain retenu en Afghanistan.

La génération perdue en Érythrée

Der Freitag publie un reportage intitulé « génération perdue », sur ces milliers de jeunes Érythréens qui fuient leur pays au régime dictatorial. Le reporter a rencontré Yohannes – son nom a été modifié pour le protéger- qui se cache dans une boutique depuis qu'il a déserté l'armée. A la question, « sais-tu ce que tu risques ?», le jeune homme répond : « La prison, au moins pour deux ans. » Mais le service militaire c'est déjà vivre dans une cellule, selon lui. Une autre question lui est posée: « As-tu entendu parler de ces prisonniers qui sont enfermés dans des conteneurs métalliques en plein désert, sous une chaleur de 40 degrés ? » Il affirme qu'il ne retournera pas à l'armée, en aucun cas.

En Érythrée, il est dangereux de parler à des étrangers. La liberté d'expression n'existe pas, les journaux privés et les stations de télévision sont interdits. Alors, selon les Nations Unies, près de 4000 jeunes tentent chaque mois de quitter le pays, rapporte Der Freitag. Avec le risque de tomber aux mains de trafiquants qui réclament une rançon à leur famille. S'ils arrivent à passer la frontière, certains restent dans les pays limitrophes, le Soudan ou l'Ethiopie. D'autres tentent de rallier l'Europe. S'ils ne meurent pas sur des embarcations de fortune en mer Méditerranée, ils essayent de rejoindre la Suisse ou la Suède, où vit déjà une communauté en exil.

Toujours au sujet de l'immigration, le Tagesspiegel relève que depuis cinq mois, 43 000 migrants ont été sauvés par les gardes-côtes sur les côtes italiennes, dans le cadre de l'opération Mare Nostrum. C'est déjà un chiffre plus élevé que pour toute l'année dernière. Les Syriens et les Érythréens représentent la moitié de ces migrants. Il est frappant de voir autant de mineurs faire le voyage seul, souligne le journal. Les centres d'accueil sont pleins à craquer, l'Italie demande l'aide financière de l'Europe pour pouvoir sauver tous ces migrants. Mais le pays veut tenir sa promesse de « sauvetage automatique », écrit le journal.

Déjà 43 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis cinq mois
Déjà 43 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis cinq moisImage : picture-alliance/Ropi

Le succès du paiement mobile

La Süddeutsche Zeitung s'attarde elle sur un succès africain : le système de paiement par téléphone mobile, un succès venu du Kenya et qui veut connaître la même histoire en Europe! Ce système, c'est M-Pesa, pesa qui veut dire « argent » en swahili. Il a été lancé en 2007 par Vodafone et son partenaire local Safaricom, puis en 2008 en Tanzanie.

On le trouve dans sept autres pays, de l'Égypte à l'Inde, note le journal de Munich. Il donne la parole à Joyce, 26 ans, qui vit à Nairobi et qui utilise ce système « rapide, pratique et flexible » assure-t-elle. Elle se rend à l'épicerie du coin, dépose de l'argent sur le comptoir et attend un SMS de confirmation de l'épicier. Avec l'argent qui se trouve sur son compte de téléphone mobile, la jeune femme paie ses courses au supermarché, règle ses factures d'électricité et elle envoie de l'argent à sa famille. Un portable suffit. Et selon la Banque mondiale, 70% de la population en possède un en Afrique ! Il n'y a donc pas besoin d'un compte bancaire, surtout que ceux-ci sont rares, environ 42% de détenteurs au Kenya, seulement 17% en Tanzanie.

M-Pesa a donné accès à des services financiers aux habitants. Le Kenya compte 17 millions d'utilisateurs, près de la moitié de la population. Et les opérateurs ne veulent pas s'arrêter là, écrit la Süddeutsche Zeitung. En effet, le système a été lancé en avril en Roumanie, au sud-est de l'Europe. Pourquoi la Roumanie ? Pour ses similitudes avec l'Afrique. Selon Vodafone, plus d'un tiers des Roumains n'a pas accès aux services bancaires traditionnels, mais presque tous ont un téléphone portable. De plus les Roumains qui vivent en zone rurale sont nombreux à venir s'installer en ville pour tenter de trouver un emploi.

Un portable suffit pour payer: c'est le système M-Pesa
Un portable suffit pour payer: c'est le système M-PesaImage : picture-alliance/Robert Harding World Imagery

Et comme en Afrique, ils envoient souvent de l'argent à leur famille restée au village. L'opérateur téléphonique a des vues sur d'autres pays d'Europe centrale et de l'est. Mais aussi sur l'Italie, car selon lui, les nombreux travailleurs migrants sont des clients potentiels. En revanche, il ne pense pas implanter le paiement mobile en Allemagne, assure le quotidien, car il y a trop de comptes bancaires !