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La détresse des déplacés sud-soudanais

Patricia Huon 9 juin 2014

Depuis six mois, le Soudan du Sud est en proie à une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de victimes. À présent, une catastrophe humanitaire menace. Reportage au camp de réfugiés de Minkammen.

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Image : Reuters

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La barrière s'ouvre et c'est la cohue dans le centre de distribution de nourriture de Minkammen. Un sac de céréales, de l'huile, des lentilles, la ration devra faire tenir les familles pour un mois. Des familles qui n'ont généralement aucune autre source de revenus, comme le dit Mary Athieng, une mère de quatre enfants arrivée ici en janvier.

"Nous n'avons rien pu emporter avec nous. Et nous n'avons plus rien non plus chez nous. Tout a été détruit. Je n'ai même plus d'outil pour cultiver. Sans cette aide alimentaire, on mourrait de faim."

Plus de 50.000 personnes déplacées ont trouvé refuge à Minkammen, à environ 150 kilomètres au nord de la capitale, Juba, et y vivent dans des abris de fortune. Ici, ils sont tous membres de l'ethnie dinka, celle à laquelle appartient aussi le président Salva Kiir. Lorsque les troupes du gouvernement ont repris le contrôle de la ville voisine de Bor et de ses environs, certains sont rentrés chez eux. Mais beaucoup sont encore trop effrayés pour cela. C'est le cas de Athieu Amor, une vieille dame qui a déjà connu plusieurs fois les camps de réfugiés.

"Je suis fatiguée. C'est la même histoire qui se répète à chaque fois. Je cultive mes champs, je construis une maison pour ma famille, et puis nous devons fuir et tout est détruit. Il semble que cet endroit ne connaîtra jamais la paix."

Selon l'ONU, un tiers de la population sud-soudanaise, pourrait souffrir de la faim. Les organisations humanitaires intensifient leurs efforts. Mais même si un cessez-le-feu devait être réellement observé, un retour à la maison n'est pas toujours envisageable dans l'immédiat. C'est ce que constate Aurélien Radufe de l'ONG Oxfam, qui assure les distributions de nourriture.

"La saison de plantation des arachides, qui est la culture principale dans la région, vient de commencer. Et les déplacés ne sont pas chez eux pour planter leurs champs. Cela veut dire qu'ils vont sans doute rester ici au moins une année, et être dépendants de l'aide alimentaire que nous leur apportons."

L'arrivée de la saison des pluies rend la situation encore plus délicate. Les quelques routes du pays deviennent impraticables, les pistes d'atterrissage sont inondée. Et l'acheminement de l'aide alimentaire sera de plus en plus compliqué au cours de prochains mois.