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"Bazoum peut être libéré, mais sera-t-il réinstallé ?"

Etienne Gatanazi
15 décembre 2023

La Cour de justice de la Cédéao a ordonné la remise en liberté de Mohamed Bazoum, le président du Niger, renversé le 26 juillet par un coup d’Etat militaire.

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Le président Mohamed Bazoum en 2022
Mohamed Bazoum est séquestré dans sa résidence présidentielle avec sa femme Haziza et leur fils Salem, depuis qu'il a été renversé par un coup d'Etat le 26 juilletImage : Evelyn Hockstein/Pool/File Photo/REUTERS

"La Cour dit que le défendeur a violé les droits du requérant, Mohamed Bazoum, ordonne au défendeur la mise en liberté immédiate et sans condition de tous les requérants", dit le juge de la Cour de justice de la Cédéao ce vendredi (15.12) à Abuja.

Les trois requérants qu'évoque le juge de la Cour de justice de la Cédéao sont le président Mohamed Bazoum, sa femme Haziza et leur fils, Salem, détenus par les militaires putschistes depuis le 26 juillet.

Le camp de Mohamed Bazoum est satisfait

Un verdict qui satisfait notamment ses avocats, mais qui intervient dans un contexte difficile, où les relations entre le Niger et la Cédéao sont compliquées.

Une décision dont se satisfait le camp Bazoum, notamment Mohamed Seydou Diagne, l'un de ses avocats. Cependant, reconnaissant les tensions qui existent entre la Cédéao et le Niger, il se veut prudent sur l'effet que produira cette décision.

"Le travail des avocats doit être séparé de celui des diplomates et des hommes politiques. Notre mission était d'obtenir la libération immédiate et sans condition, mais aussi et surtout, qu'il soit ordonné la remise du pouvoir par les autorités militaires au pouvoir civil de celui qui l'a acquis démocratiquement".

Mais l'avenir reste incertain pour le président renversé

Les analystes politiques doutent en effet de la mise en application de cette décision juridique, vu les relations tumultueuses qui existent entre la Cédéao et la junte au pouvoir à Niamey. 

Mais Mohamed Seydou Diagne rappelle que "le Niger n'a pas boycotté le procès. Le Niger est allé au procès, il a pris ses avocats, son agent judiciaire de l'Etat, et s'est expliqué".

Certaines concessions ont déjà vu le jour, malgré les tensions : le Niger a accueilli depuis ce jeudi (14.12) une délégation de la Cédéao dirigée par Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise, pour discuter, entre autres sujets, de la libération de Mohamed Bazoum et du retour à l'ordre constitutionnel

En agissant ainsi, la Cédéao concède indirectement qu’elle a pris acte du putsch du 26 juillet dernier. 

Les dirigeants de la Cédéao réunis à Accra en 2021
La Cour ordonne au pouvoir militaire en place à Niamey la mise en liberté immédiate et sans condition de Mohamed BazoumImage : Nipah Dennis/AFP

Seidik Abba, journaliste et président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel, estime que "la libération de Bazoum peut être acceptée par la junte à condition qu'elle obtienne des garanties et à condition que cette libération s'inscrive dans le cadre, non pas de son retour, mais dans celui d'un agenda de transition qui va être discuté avec la Cédéao : à la fois le contenu de cette transition, mais aussi sa durée". 

Cela voudrait dire que la tentative de normalisation des relations entre la Cédéao et le pouvoir militaire à Niamey pourrait faire en sorte que la junte respecte une partie de la décision de la Cour basée à Abuja.

La délégation du ministre togolais des Affaires étrangères prépare la mission, à Niamey, des chefs d'Etat de la Cédéao : Patrice Talon du Bénin, Faure Gnassingbé du Togo et Julius Maada Bio de la Sierra Leone.

Cette délégation va discuter de la libération de Mohamed Bazoum et de sa famille, mais aussi de l'organisation d'une transition militaire courte.