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Frères musulmans sous pression en Egypte

Anna Osius/Laure Wallois9 mai 2013

Le premier ministre égyptien a remanié son gouvernement. Neuf nouveaux ministres ont été nommés. Parmi eux, deux membres des Frères musulmans. Mais la confrérie est sous pression en Egypte.

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Manifestation anti-Morsi le 6 avril 2013 au Caire
Manifestation anti-Morsi le 6 avril 2013 au CaireImage : Reuters

Depuis l'élection de Mohammed Morsi à la tête de l'Etat en 2012, l'insécurité est croissante dans le pays et les contestations toujours plus grandes. L'opposition reproche aux Frères musulmans de refuser toute critique et de censurer les médias. Au Caire, le siège du parti des Frères Musulmans est un lieu hautement gardé. Impossible d'y accéder depuis la place Tahrir. D'énormes blocs de béton, des barbelés et des policiers lourdement armés bloquent le passage.

Le parti du président Morsi s'est installé dans une riche villa aux sols de marbre. Azza el Graf est sœur musulmane depuis 35 ans :

« J'ai grandi dans une famille religieuse. L'Islam est un concept pour toute la vie et la politique en fait partie. Nous n'avons donc pas besoin de séparer l'Etat de la religion. L'Islam appartient à l'Etat. »

Azza el Graf avait participé à la rédaction de la nouvelle Constitution. Un texte très critiqué par les observateurs internationaux en raison de sa vision islamiste de la politique et de la société.

Accusés de répression

Il y a moins d'un an, les Frères musulmans s'imposaient en Egypte, après des décennies passées dans l'opposition. Traqué sous l'ancien régime, le parti emploierait cependant les mêmes méthodes de répression que Hosni Moubarak.

Récemment, plusieurs journalistes accusés d'avoir insulté le président, ont été arrêtés. Pour Azza el Graf, ces interpellations sont justifiées :

Le marché aux légumes des Frères musulmans dans un quartier du Caire
Le marché aux légumes des Frères musulmans dans un quartier du CaireImage : DW/A. Hamdy

« Tout le monde a le droit de s'exprimer, mais seulement selon les principes journalistiques, conformément à la Constitution et à la loi. Nous n'accepterons pas que la dignité du président soit attaquée. Et cette loi vaut pour tous. »

Beaucoup craignent une dérive autoritaire des Frères musulmans, d'autant que leur parti n'a pas de tradition démocratique. Pour Mohamed, 25 ans, la confrérie n'a toujours pas compris le véritable esprit de la révolution : Liberté, démocratie et droits de l'homme.

« Les Frères musulmans peuvent contrôler les anciennes générations mais pas les jeunes. Beaucoup de blogueurs et de jeunes activistes ont quitté leurs rangs. Les Frères ne cherchent pas le consensus. Ils ne discutent pas avec les autres forces politiques dans le pays. Ils gouvernent seuls. »

Donner du temps aux Frères musulmans

Une attitude déjà sanctionnée par les urnes. Les Frères musulmans ont échoué lors des dernières élections universitaires et syndicales. Azza el Garf est consciente que la confrérie doit encore faire ses preuves:

«Nous avons besoin de plus de temps, de plus de calme. Le président Mohammed Morsi a été élu. Il mérite qu'on lui laisse du temps. Depuis le début il est critiqué de toutes parts. Je demande à l'opposition : acceptez nous ! Lorsque vous serez un jour au pouvoir, nous vous accepterons. »

Le président Morsi lors de sa visite en Allemagne, le 30 janvier 2013
Le président MorsiImage : Imago

Mais le parti islamiste n'a justement plus beaucoup de temps. En octobre, les Egyptiens seront appelés à élire leurs députés. La précédente assemblée, dominée par les Frères musulmans, avait été dissoute pour des motifs juridiques. En signe de protestation, l'opposition a déjà annoncé qu'elle boycotterait le scrutin.