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Benazir Bhutto tuée dans un attentat

Sandrine Blanchard27 décembre 2007

De violentes manifestations ont éclaté au Pakistan, à l’annonce de la mort de Benazir Bhutto. L’ex-premier ministre, et chef de file de l’opposition pakistanaise, a été tuée dans un attentat suicide, près d’Islamabad.

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Benazir Bhutto (1953-2007)Image : picture-alliance/ dpa

C’est à coups de bâton et de gaz lacrymogène que la police pakistanaise a dispersé la centaine de manifestants qui s’étaient rassemblés à Peshawar, dans le nord-ouest du pays. Ces partisans de Benazir Bhutto étaient venus protester contre l’assassinat de la chef de file de l’opposition pakistanaise, victime d’un attentat suicide, près d’Islamabad.

Benazir Bhutto a déjà occupé par deux fois les fonctions de premier ministre, soutenue par l’occident, mais par deux fois, elle est impliquée dans des affaires de corruption. En 1999, elle part même en exil, pour ne revenir au pays qu’en octobre dernier, où elle est immédiatement la cible d’un premier attentat suicide. Benazir Bhutto en réchappe grâce à son véhicule blindé, mais 169 périssent dans l’attaque.

Benazir Bhutto vote à Lakana, pour la première fois de sa vie, en 1988.
Image : AP

Son influence grandissante et les sympathies qu’elle s’attire en provenance de l’occident dérangent : les islamistes mais aussi, à en croire Benazir Bhutto elle-même, le régime du président Musharraf avec qui elle refuse finalement de négocier un partage du pouvoir. Depuis son retour, la figure de proue de l’opposition pakistanaise vit donc sous la menace. Elle décide malgré tout d’entrer en campagne, pour les élections prévues initialement au mois de janvier – mais qui, compte tenu de l’actualité, devraient être reportées.

Quelles répercussions la mort de Benazir Bhutto peut-elle avoir sur l’avenir du Pakistan, déjà très instable ? La réponse de Clemens Spieß, professeur de l’Université de Heidelberg et spécialiste de l’Asie du sud :

« Tout porte à croire que le pays va désormais sombrer dans le marasme politique. Les élections étaient prévues le 8 janvier ; elles auraient pu constituer un pas vers une consolidation de la démocratie. Mais avec cet attentat, et la tentative d’attentat, contre Nawaz Sharif, qui lui aussi a été premier ministre, plus celui de la semaine dernière sur Sherpao, du Parti du Peuple Pakistanais, le pays menace vraiment de sombrer dans le chaos. »

En Europe, aux Etats-Unis, en Afghanistan, au Japon, les dirigeants condamnent unanimement l’attentat dans lequel Benazir Bhutto a trouvé la mort. Le Conseil de sécurité a décidé de tenir une réunion d’urgence pour discuter de l’avenir du pays.