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En Allemagne, l'université accessible à tous ?

Nadine Wocjik, Philippe Pognan21 juin 2012

En Allemagne, seuls 25% des enfants d'ouvriers accèdent à l'université. Pourtant, le droit à l'éducation est censé être le même pour tous. Depuis 2008, une association s'engage pour réduire les inégalités.

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Un collaborateur de "ArbeiterKind" en visite au lycée Romain-Rolland, à BerlinImage : DW/Nadine Wojcik

L'Allemagne est un pays industrialisé très développé et pourtant il reste encore beaucoup à faire pour assurer l'égalité des chances dans le domaine de l'éducation. Les universités sont en principe ouvertes à  tous : les droits d'inscription sont relativement faibles ou inexistants et il existe aussi des possibilités d'obtenir un soutien financier de l'État, sous forme d'un crédit à rembourser une fois les études achevées. Cependant, seuls 25% des enfants issus d'un milieu ouvrier commencent des études universitaires, alors que ce taux se chiffre atteint 70% chez les enfants dont les parents ont fait eux-mêmes des études universitaires. Katja Urbatsch connaît le problème : « Dans la famille, je suis la première à avoir étudié. Et moi-même, j’ai dû faire l’expérience à quel point il est difficile de faire des études quand on vient d’un milieu ouvrier. Au départ, j’ai eu bien des obstacles à surmonter. C’est pourquoi j’ai voulu plus tard, sur une page internet, aider des jeunes à surmonter ces barrières. Et peu à peu, c’est devenu un énorme projet avec beaucoup d’aides bénévoles. »

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Katja Urbatsch

Le projet dont elle parle, c’est "ArbeiterKind" ("Enfant d’ouvrier" en français). Cette association veut encourager les enfants issus de familles éloignées des milieux universitaires à accéder à une formation supérieure. Pour ce faire, il existe d’une part son site internet, ArbeiterKind.de, qui rassemble toutes les informations nécessaires à un aspirant étudiant : d’abord pourquoi étudier ? Quelle matière me convient ? Comment s’orienter à l’université ? Et comment puis-je recevoir un soutien financier ou une bourse de l’État ou de fondations ?

Un réseau de bénévoles convaincus

D’autre part, il existe maintenant 80 groupes locaux animés par des bénévoles, qui conseillent les élèves dans les collèges et lycées ou que l’on peut venir consulter. Sven Gramstadt, à Berlin, est l’un d’entre eux. Il connaît les obstacles qui, souvent, entravent le chemin des enfants d’ouvriers pour accéder à des études supérieures. Il est lui-aussi le premier de sa famille à avoir étudié :« Les parents ne peuvent pas aider ou pensent ne pas pouvoir aider. Il y aussi le problème du financement des études, qui fait que l’égalité des chances face à la formation universitaire n’est pas donnée. Et c’est là qu’ ArbeiterKind essaie de sauter dans la brèche. »

Arbeiterkind Büro Berlin
Le bureau berlinois de l'association "ArbeiterKind"Image : DW/Nadine Wojcik

Le sentiment d'être isolé

Fondée comme une petite initiative privée par Katja Urbatsch en 2008, l’association "ArbeiterKind" est une histoire à succès. Aujourd’hui, elle a 5 employés à temps complet, basés à Berlin. À cela s’ajoutent quelque 80 groupes locaux dans tout le pays, animés par plus de 4.000 bénévoles. On peut aussi mesurer son succès à l’attention que lui portent les médias : un jour après avoir créé et mis en ligne son site internet, Katja Urbatsch donnait sa première interview. Depuis, presse écrite, radios ou télévisions s’adressent souvent à elle quand ils cherchent un partenaire d’interview pour traiter le thème de l’égalité des chances dans le système éducatif allemand.

« Je crois que ce groupe de jeunes dont les parents n’ont eux mêmes jamais été à l’université, ces étudiants de la première génération donc, n’ont pas été considérés jusqu’ici comme un "groupe cible", explique Katja Urbatsch. Et je crois que beaucoup d’étudiants concernés ne sont eux-mêmes pas conscients d’être dans la même situation qu’une multitude d’autres. On pense d’abord toujours être un cas isolé. Mais force est de constater que c’est en fait un problème structurel. Ces jeunes n’ont personne dans leur famille qui puisse leur servir de modèle et leur dire comment cela fonctionne. Quelqu’un qui puisse les conseiller sur la voie à suivre. »

Ce qui réjouit particulièrement Katja Urbatsch, c’est qu’entre-temps le monde politique est devenu plus sensible à l’injustice que représentent les difficultés d’accès de certains milieux sociaux à l’éducation. Parfois, on lui demande même ce que l’on peut améliorer ! La réponse de Katja Urbatsch : encourager le plus tôt possible - au mieux dès la maternelle et l’école primaire - la promotion des enfants de milieux ayant un accès limité à la culture et à l’éducation.