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Sénégal: l'opposition derrière Macky Sall

2 mars 2012

La presse allemande s'intéresse au Sénégal où l'élection présidentielle se jouera au second tour. Les électeurs auront le choix entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, un ancien premier ministre de Wade.

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Bureau électoral le 26 février 2012Image : Reuters

Le déroulement du premier tour est accueilli avec soulagement par les journaux
On redoutait, écrit la Süddeutsche Zeitung, l'élection la plus sanglante dans l'histoire du Sénégal. Ce pays de l'Afrique de l'ouest, le seul dans la région à n'avoir pas connu de coup d'Etat depuis son indépendance en 1960, a vécu une campagne électorale d'une violence inhabituelle. Pour le journal, les chances de victoire de Wade devraient être plus faibles au second tour qu'au premier, la plupart des douze autres candidats ayant signalisé leur intention de soutenir l'adversaire de Wade. Macky affûte les couteaux, titre die tageszeitung qui rappelle qu'une fois tombé en disgrâce l'ancien premier ministre de Wade a trouvé une nouvelle famille politique au sein de d'Alliance pour la république, un rassemblement qui, sans grande originalité, promet une meilleure vie à tous. Et une chose est sûre poursuit le journal: les jours du parti socialiste sénégalais sont définitivement comptés. Après l'indépendance, le parti du fondateur de l'Etat et poète Léopold Sédar Senghor est resté 40 ans au pouvoir avant que son monopole soit brisé par Abdoulaye Wade en 2000. Plus d'un socialiste rêvait maintenant d'une revanche - en vain.

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Un électeur lors du premier tourImage : Reuters

Le président sortant, note la Berliner Zeitung, semble accepter un second tour. Il se peut que le pouvoir l'ait rendu aveugle aux réalités et qu'il ne s'attendait pas à recueillir si peu de voix, il se peut qu'il n'ait pas osé fausser massivement les résultats, il se peut qu'il se soit tout simplement résigné. Quoi qu'il en soit, poursuit le journal, si Wade n'avait pas violé la constitution en briguant un troisième mandat il aurait pu entrer dans l'histoire en président respectable - comme autrefois Leopold Senghor, comme son successeur Abdou Diouf qui après sa défaite électorale passa le pouvoir à Wade. Au lieu de quoi Abdoulaye Wade ne laissera de lui que le souvenir d'un dictateur africain classique, corrompu et, au besoin, violent.

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Migrants africains en route vers l'EuropeImage : picture-alliance/dpa

Les portiers de l'Europe

En Tunisie et en Libye la chute des dictateurs a entrainé des changements, pour ne pas dire des bouleversements. Mais il est une chose, s'indigne la Süddeutsche Zeitung, qui n'a pas changé: ces deux pays sont toujours les portiers de l'Europe pour ce qui est d'empêcher l'émigration vers la rive nord de la Méditerranée. Le journal relève que selon Frontex, l'agence européenne de protection des frontières, le nombre de réfugiés qui ont réussi à prendre la mer depuis la Libye a de nouveau brutalement chuté, il est retombé au niveau d'avant le soulèvement en Libye. Et l'Union européenne, poursuit le journal, a récemment joué de son influence pour rappeler ses promesses au conseil de transition. En novembre dernier, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est rendue à Bengazi où elle a déclaré que la commission européenne rallongerait immédiatement son aide humanitaire de 30 millions d'euros si les Libyens réactivaient leur aide pour le contrôle des migrations. Une évolution similaire s'observe en Tunisie, écrit le journal, à savoir: un dictateur qui, à la demande de l'Italie, a pendant longtemps retenu les réfugiés africains et un nouveau gouvernement qui, après une brève interruption au printemps 2011, a renoué les fils.

***ACHTUNG: Bild nur zur Berichterstattung über Coffee Circle verwenden!!!***
Un puits dans la campagne éthiopienneImage : Coffee Circle

Des déchets qui garantissent l'autonomie

La Berliner Zeitung emmène ses lecteurs en Ethiopie, dans un jardin de Debrezit, à 50km au sud d'Addis Abeba. Ce jardin regorge de déchets: des vieux sacs à céréales, des bouteilles d'eau vides, des bidons en plastique. Mais les sacs à céréales sont remplis de terre dans laquelle poussent des bettes, les bouteilles en plastique, percées de petits trous, sont utilisées pour l'irrigation au goute-à-goutte. Chaque sac, chaque bouteille, chaque bidon a trouvé ici une deuxième vie. Ce jardin de détritus fait partie du quartier général de l'organisation humanitaire éthiopienne Ratson. Elle est dirigée par un homme de 54 ans, Moges Gorfe. Il a étudié la biologie, a exercé comme vétérinaire, et a travaillé pour l'organisation américaine Save the children. Il gagne à présent deux fois moins, mais il a réalisé un rêve: utiliser les ressources à sa disposition, ne plus être tributaire de la charité. Ce genre de jardinage urbain, poursuit le journal, se répand aussi en Europe et aux Etats-Unis. Mais à Debrezit il ne s'agit pas seulement de cultiver quelques fleurs ou légumes. Il y va de la survie des malades du sida. 1,2 million de personnes souffrent du sida en Ethiopie, soit à peine 2% de la population. Dans le contexte africain, c'est peu. Au Malawi et au Mozambique les taux de prévalence atteignent 20%. Cette situation relativement bonne est le résultat de programmes de santé initiés il y a dix ans par le gouvernement et centrés sur l'information ainsi que l'aide aux malades. A Debrezit pourtant, le sida touche plus de gens qu'ailleurs en Ethiopie, car la ville est un lieu de villégiature. 2 860 séropositifs, principalement des femmes avec enfants, y reçoivent des rations alimentaires du Programme alimentaire mondial, car comme le souligne la responsable du programme Sida au PAM, "les médicaments ne servent à rien si les gens meurent de faim". Mais les rations ne sont distribuées que pendant six mois, après quoi les gens doivent se prendre en charge. Et c'est là, souligne le journal, que Moges Gorfe intervient. Ses jardins urbains, auxquels il initie des séropositifs, sont une garantie de revenu, et donc d'autonomie.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara