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Chut, on exporte des armes

Anne Le Touzé22 octobre 2014

Les journaux reviennent notamment sur un jugement rendu par la Cour constitutionnelle allemande sur les exportations d'armes et le droit d'information du Bundestag, suite à la plainte de deux députés écologistes.

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L'exportations d'armes implique bien souvent des dilemmes d'ordre moral selon Die Welt
L'exportations d'armes implique bien souvent des dilemmes d'ordre moral selon Die WeltImage : Ralph Orlowski/Getty Images

"Le gouvernement a le droit de garder le secret sur les exportations d'armes" titre Die Welt. Le quotidien approuve le jugement de la Cour de Karlsruhe, mais plaide pour un changement d'attitude de la part de Berlin. Le gouvernement devrait parler ouvertement des raisons qui le poussent à livrer des armes à des partenaires, que ce soit une question de stabilisation ou de responsabilité vis-à-vis de populations en danger. Il y a rarement des choix noirs ou blancs, et bien plus souvent des dilemmes d'ordre moral, rappelle le journal.

La Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe a élargi le droit à l'information sur l'exportation d'armes
La Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe a élargi le droit à l'information sur l'exportation d'armesImage : picture-alliance/dpa/Uli Deck

Ce jugement est une défaite cuisante pour la démocratie, estime die tageszeitung. Certes, la Cour a élargi le droit à l'information, mais sur le point décisif, elle s'est rangée du côté du gouvernement. Karlsruhe a décidé que les députés ne devaient surtout pas pouvoir alerter l'opinion publique tant que celle-ci serait susceptible d'empêcher les projets gouvernementaux. Cela reviendrait en effet à de la "co-gestion" et irait à l'encontre de la répartition des pouvoirs. Les parlementaires n'auront donc que le droit de critiquer les décisions après coup. Désormais, même les contrats les plus douteux vont pouvoir rester confidentiels jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

"Graves" accusations envers l'Ukraine

À propos du rapport de Human Rights Watch, la Süddeutsche Zeitung souligne que ce sont de graves accusations qui pèsent sur l'Ukraine. L'armée ukrainienne aurait recouru à des bombes à sous-munitions dans sa lutte contre les séparatistes, et l'on parle également d'exécutions sommaires de prisonniers. Le gouvernement ukrainien doit prendre ces reproches au sérieux, mener l'enquête et traduire les responsables devant la justice. Le nouveau pouvoir veut prouver sa supériorité morale face à la Russie autocratique de Poutine. Cela passe aussi par la transparence et l'autocritique, estime le quotidien.

Quelles armes sont utilisées en Ukraine?
Quelles armes sont utilisées en Ukraine?Image : Reuters/David Mdzinarishvili

Les défenseurs des droits de l'Homme n'ont épargné aucune des deux parties en rendant compte de la brutalité de cette guerre, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'image globale du rapport contredit la propagande russe selon laquelle un "génocide" serait perpétré envers la population russophone dans l'est de l'Ukraine. On voit au contraire que les séparatistes soutenus par Moscou ont instauré un régime de terreur dans les zones qu'ils contrôlent. Mais cela ne justifie pas l'attitude des forces ukrainiennes. La façon dont ces crimes seront poursuivis sera un indicateur important sur la capacité de l'Ukraine à prendre la voie d'un État de droit.

On peut se demander quelle devrait être la position de l'Union européenne face à ces développements, commente die tageszeitung. Il n'est depuis longtemps un secret pour personne que Bruxelles ne sait absolument pas comment se comporter à l'égard de l'Ukraine, mais que les responsables européens se voient dans l'obligation de soutenir le pays. Néanmoins, cette responsabilité ne doit surtout pas se traduire en crédits gaziers, ainsi que la chancelière Merkel l'a laissé entendre, ni par des aides financières chiffrées en millions. Il faut parler de façon très claire. Toute autre attitude serait fatale, pour les Ukrainiens mais aussi pour l'Europe.