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Burundi : sécurité alimentaire et réconciliation

1 janvier 2012

Dans le nord du Burundi, la Welthungerhilfe (Agro Action allemande) mène depuis 2010 un projet pour aider la population à gérer durablement ses récoltes... et ses conflits. Un reportage de Marie-Ange Pioerron.

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Image : picture-alliance/Ton Koene

Busoni, province de Kirundo, non loin de la frontière avec le Rwanda. Le paysage de collines est splendide, mais la région a connu dans le passé une grave crise alimentaire, parfois même des famines. C'est la province qu'a choisie la Welthungerhilfe, l'Agro action allemande, pour y mener, depuis 2010, un projet alliant sécurité alimentaire, paix et réconciliation. Andrea Jost est chef de mission :

« L'une de nos stratégies est de permettre à la population de stocker la récolte. Ils ne sont pas obligés de vendre toute leur récolte directement après lorsque les prix sont trop bas. »

L'arachide est une plante très productive
L'arachide est une plante très productiveImage : AP

Conservation des récoltes dans des hangars

Le gestionnaire d'un hangar fait visiter les lieux. Construit en 2009 par la Welthungerhilfe, il comptait 16 membres à sa création. Deux ans plus tard, il y en a 189 et près de 1000 personnes viennent stocker leurs récoltes dans le hangar. La quantité de récoltes conservées a, elle aussi, considérablement augmenté, grâce notamment à la sensibilisation des habitants.

Le prix de la cotisation des membres s'élève à 1000 francs burundais, l'équivalent de 50 centimes d'euro. Les comités de gestion des hangars prélevent, pour leurs frais de fonctionnement, 5% des récoltes stockées. Mais si l'amélioration de la conservation des produits de la terre est nécessaire, elle ne suffit pas pour combattre l'insécurité alimentaire dans un pays où 90% de la population vivent au dessous du seuil de pauvreté. Christian Ngendabanka est coordinateur de la promotion du secteur agricole dans le projet de l'Agro Action allemande :

« L'insécurité alimentaire est liée à une perturbation pluviométrique depuis 2001. Avant, la région de Bugesera était la plus productive du pays. En partant du principe que cela devenait chronique, nous avons essayé plusieurs stratégies pour développer des mécanismes d'adaptation. »

Le premier constat a été que la région n'était pas déficitaire en eau. L'Agro Action allemande a donc appris à la population à exploiter des cultures maraîchères le long du lac Cyohoha, tout en développant des techniques de protection contre la pollution. « Nous avons aussi introduit des cultures résistantes à la sécheresse », explique encore Christian Ngendabanka. Les populations locales se sont habituées à ces nouvelles cultures grâce à un travail de sensibilisation. Il a fallu organiser plusieurs réunions pour leur apprendre les techniques, les caractéristiques des cultures introduites parmi lesquelles figure notamment l'éleusine. Le projet de l'Agro Action allemande est prévu pour s'arrêter en 2013, mais le coordinateur a bon espoir que les centres semenciers soient en mesure de produire et vendre de façon autonome, même s'il aurait aimé continuer pour professionnaliser le secteur.

Les femmes effectuent le plus gros des travaux agricoles
Les femmes effectuent le plus gros des travaux agricolesImage : picture alliance/africamediaonline

Un pays encore marqué par les années de guerres

Depuis 1962, date de l'indépendance du Burundi, des violences récurrentes, culminant parfois en massacres et guerres civiles ont ruiné le pays, et coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Une paix, plus ou moins solide, a été instaurée en 2005. Mais les déchirures restent vives dans la société burundaise. Alors avant de parler de réconciliation nationale, il y a au jour le jour tout un travail de terrain à accomplir pour régler ou désamorcer les conflits qui peuvent surgir au sein d'une communauté.

A Busoni, le comité réconciliateur de la Welthungerhilfe est composé de 24 hommes et six femmes. Ils traitent une dizaine de conflits par semaine, alors que la commune compte 150 000 habitants. Les conflits sont généralement de types fonciers ou familiaux et ils sont surtout liés à la polygamie. La croissance démographique rend difficile le partage des parcelles souvent trop petites. La plupart du temps, les membres du comité réussissent à ramener la paix dans la communauté.

Ecoutez ci-dessous l'intégralité du reportage.

Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Anne Le Touzé