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Burkina Faso, ça sent le souffre

Georges Ibrahim Tounkara23 juillet 2013

Deux rapports en 24 heures. L’un émane de l’ICG, l’autre de la Conférence Episcopale du Burkina. Deux rapports accablants pour le pouvoir en place et qui dressent un tableau peu reluisant de la situation sociopolitique.

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Le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987
Le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987Image : REUTERS

Alors que se profile l'élection présidentielle de 2015, l'International Crisis Group et la Conférence Episcopale du Burkina tirent la sonnette d'alarme.

D’abord la lettre publiée par la Conférence épiscopale du Burkina. Un véritable réquisitoire des évêques contre le régime au pouvoir depuis 1987. Un régime qui, selon eux, n’a pas été en mesure de faire prospérer la démocratie dans le pays.

« La démocratie pluraliste que nous étions censés construire s'est transformée en scepticisme, en désespoir, voire en colère, du fait que ce changement politique ne rime pas suffisamment avec l'espoir d'un meilleur devenir », écrivent notamment les évêques dans cette lettre pastorale. Pour eux, il faut donc agir pour éviter que le pays devienne une poudrière. Mgr Paul Ouedraogo, président de la Conférence Episcopale du Burkina :

« Si les défis qui sont là ne sont pas pris en compte, cela peut nous amener vers le chaos. Si on pense que c'est en fermant les yeux sur ce type de problèmes, je pense qu'on va vers l'affrontement. Il faut prendre conscience des défis qui sont là et chacun doit voir ce qu'il peut faire pour résoudre ces défis. C'est ça le problème qui est posé à ceux qui animent la vie politique. »

Des craintes partagées par l'ICG

Burkina Faso Straßenszene in Ouagadougu
Au Burkina Faso, près de 44% de la population vit en-dessous du seuil de pauvretéImage : picture-alliance/dpa

Dans un rapport publié également lundi, l’ONG se dit préoccupée par la situation sociopolitique au Burkina et par la polémique concernant la succession du président Blaise Compaoré. Rinaldo Depagne de l’International Crisis Group :

« La certitude des évêques porte sur la voie que va prendre ce pays dans les deux ou trois prochaines années. La longévité de ce pouvoir et l'incarnation de ce pouvoir par un seul homme posent de nombreux problèmes. Il est tellement présent aujourd'hui qu'une fois qu'il soit parti, il y aura un vide. »

Modifier l'article 37 de la Constitution ?

A ce sujet, les évêques burkinabés ont déjà pris position. Pour eux, pas question de modifier l’article 37 de la Constitution en vue de permettre au président Compaoré de briguer un nouveau mandat. Mgr. Paul Ouedraogo

« Notre position est claire : nous n'y sommes pas favorables. Tous ceux qui s'agitent dans notre univers sont seulement utiles. Nous sommes des contingences. Dieu seul est indispensable aux hommes. »

Très incisifs, les évêques burkinabés s’insurgent également contre la création d’un Sénat et l’accaparement des richesses par un groupuscule et ce, disent-ils, dans un pays où près de 44 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté.

Retrouvez également ci-dessous l'interview intégrale de Mrg. Paul Ouedraogo

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