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Bientôt un « Moubarak light »

Aude Gensbittel28 mars 2014

A la Une : la candidature d’Abdel Fatah al-Sissi à la présidentielle en Egypte. « L’homme fort » du pays a décidé de renoncer à ses fonctions de chef de l’armée et de ministre de la Défense pour pouvoir se présenter.

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« J'abandonne l'uniforme pour défendre la nation, » a déclaré Abdel Fatah al-Sissi
« J'abandonne l'uniforme pour défendre la nation, » a déclaré Abdel Fatah al-SissiImage : picture alliance/AP Photo

La Berliner Zeitung ne doute pas qu'Abdel Fatah al-Sissi continuera à agir d'une main de fer contre les Frères musulmans : celui qui est déjà dirigeant de fait suite à son putsch de l'année dernière, veut se faire élire président, écrit le journal. Son principal message : ce sont eux ou nous – il n'y a pas d'alternative au calme du cimetière. C'est le même message que faisait passer la condamnation à mort de 529 partisans de l'ancien président Morsi.

Lors de l'annonce de sa candidature, Abdel Fatah al-Sissi portait pour la dernière fois l'uniforme, écrit la Süddeutsche Zeitung, mais il reste pourtant un homme de l'armée, le maître d'une institution que de nombreux Egyptiens considèrent comme la seule encore intacte dans le pays. Beaucoup espèrent que le général ramènera enfin le calme en Egypte et que les condamnations à mort en masse, l'arbitraire policier et les campagnes de dénigrement des Frères musulmans par les médias ne sont que des maux nécessaires. Pourtant, rien n'indiquent que ces espoirs sont fondés.

Ces derniers mois, les manifestations des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont souvent tourné à la violence
Ces derniers mois, les manifestations des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont souvent tourné à la violenceImage : Virgine Nguyen Hoang/AFP/Getty Images

Le Tagespiegel note que les vendeurs sont inventifs au Caire : on y trouve du chocolat al-Sissi, des sandwichs al-Sissi et même des bijoux al-Sissi. Partout dans les rues, des affiches à son effigie. Trois ans après la chute du président et ancien chef des forces aériennes Hosni Moubarak, le printemps arabe en Egypte pourrait bien se terminer avec l'accession au pouvoir d'un nouveau général.

Les attentes envers Abdel Fatah al-Sissi sont énormes, relève Die Welt : ramener le calme et la paix, garantir la croissance économique et réconcilier une société divisée entre révolutionnaires laïcs et partisans des Frères musulmans. Personne n'en est capable, pas même celui que l'on considère comme un sauveur face à l'islamisation du pays. Ce grotesque culte de la personnalité rappelle les hommages exagérés que l'on rendait à un ancien chef de l'Etat lui aussi issu de l'armée. Si Abdel Fatah al-Sissi devient président, la boucle sera bouclée au Caire et le pays aura à sa tête un « Moubarak light ».