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Afrique du Sud: la terre aux mains des Blancs

Philippe Pognan20 février 2015

En Afrique du Sud , la répartition des terres agricoles est encore basée sur une législation datant de 1913. Cette loi, appelée "Natives Land Act" n'accordait à la majorité noire que 7% des terres sud-africaines.

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Afrika moderne Landwirtschaft Eisbergsalat Ernte in Südafrika
Ouvriers agricoles d'une grande ferme sud-africaineImage : picture alliance/WILDLIFE

"Tout entre les mains des Blancs! La majorité noire d'Afrique du Sud réclame la redistribution des terres agricoles".

Sous ce titre, la Süddeutsche Zeitung relève que le président Jacob Zuma, confronté à de sérieuses accusations de corruption, veut détourner l'attention vers un autre thème: la question terrienne. Deux décennies après la fin du régime d'apartheid, la majorité des terres agricoles fertiles reste la propriété d'une minorité blanche. Le président Zuma prend donc l'offensive sur cette question et a annoncé de nouvelles lois. A l'avenir les étangers pourront louer des terres en Afrique du Sud, mais ne pourront en devenir propriétaires- et pour les Sud -Africains eux-mêmes, les propriétés agricoles seront limitées à une superficie maximale de 12.000 hectares par exploitation.

Lorsqu'en 1994 , le système d'apartheid, basé sur une législation raciste, est tombé, nombreux étaient les Sud-Africains qui étaient enthousiasmés par la perspective qu'avec la fin de l'apartheid politique, l'apartheid économique serait aussi révolu. Car le nouveau président Nelson Mandela n'avait pas seulement promis une " société démocratique et libre" mais aussi une société dans laquelle "chacun aurait les mêmes chances."

Or, depuis 1994 seule une petite partie des terres agricoles ont changé de propriétaire, aujourd'hui 4 cinquièmes de ces terres sont encore possédées par des Blancs. Dans son programme, l'ANC, le parti au pouvoir, avait bien inscrit la redistribution des terres et le dédommagement des victimes d'anciennes expropriations et déplacements forcés, mais a poursuivi une politique prudente jusqu'ici pour éviter des conflits. C'est ainsi que la majorité des demandes ont été réglées par des petites sommes d'argent et non par l'attribution de terre. Les partisans de cette politique évoquent les expériences faites au Zimbabwe voisin, considérée jadis comme le "grenier à blé" de l'Afrique. Le dictateur Robert Mugabe y a exproprié des milliers de fermiers blancs, ce qui a conduit à l'effondrement de l'économie zimbabwéenne. Mais aujourd'hui en Afrique du Sud, la "Born Free Generation", la jeune génération née libre après la fin de l'apartheid, se demande ce que cette liberté lui apporte ?

Kolonialismus Afrika Südafrika Farm Arbeiter
Illustration d'une ferme sud-africaine de l'époque coloniale (18ème siècle)Image : picture alliance/imagestate/HIP
Gentech-Baumwollfelder in Kwatzulu-Natal Südafrika
Champs de coton de la grande exploitation agricole "Senekal" au Kwa Zulu-NatalImage : DW

C'est le parti d'opposition"Economic Freedom Fighters" et son leader Julius Malema qui profitent de cette frustration. Ils parlent de « trahison de la révolution ». L'ex- chef de l'organisation de jeunesse de l'ANC plaide pour l'expropriation pure et simple des fermiers blancs. Et la nouvelle législation annoncée par Zuma vise en première ligne à couper l'herbe sous le pied de son ennemi politique Malema et à freiner le transfuge de partisans de l'ANC vers le parti de Malema…

Aufstand gegen Staatschef Zuma im südafrikanischen Parlament
Tumultes au Parlement contre le Chef de l'Etat Jacob Zuma (le 12.2.2015) Des membres du parti "Economic Freedom Fighters" de Julius Malema (en rouge) s'empoignent avec le service d'ordre après avoir été enjoints de sortir de l'enceinte pour avoir perturbé le discours de ZumaImage : Reuters/R. Bosch

Autre thème: le Burundi

A Bujumbura, le gouvernement se prépare à endiguer une vague de protestations contre la candidature du chef de l'Etat Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Troisième mandat pourtant interdit par la constitution.

Pierre Nkurunziza
Pierre Nkurunziza brigue un troisième mandat présidentielImage : I.Sanogo/AFP/GettyImages

"Au Burundi les signes sont à la tempête" relève la taz, die tageszeitung. Le 26 mai le Burundi vote un nouveau parlement et le 26 juin un nouveau président. Il y a quelques jours encore, le porte parole de la présidence a averti que ceux qui appelleraient les gens à descendre dans la rue pour protester contre la candidature de Pierre Nkurunziza seront considérés comme "des semeurs de troubles et traités en tant que tel !"


Les élections au Burundi s'inscrivent dans un cycle d'élections dans l'Afrique des Grands Lacs jusqu'en 2017, et qui menace de plonger à nouveau cette région instable dans de profondes crises, s'inquiète la taz. Car aucun des présidents de la région que ce soit en République Démocratique du Congo, au Congo Brazzaville, au Rwanda ou en Ouganda ne veut abandonner le pouvoir…