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Au Niger, la Maison de la presse est dans la tourmente

Mahamadou Abdoulkarim
1 février 2024

La décision de suspension de la Maison de la presse a été prise alors que le bureau de l'association en instance de renouvellement est en pleine crise.

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Un homme suivant les nouvelles à la radio
Au lendemain du coup d'État, l'association a dénoncé l'interruption de la démocratie et rappelé aux militaires le respect des libertés fondamentales.Image : Michele Cattani/AFP via Getty Images

Alors que le bureau de la Maison de la presse, dont le mandat est arrivé à son terme, s'active à organiser une assemblée générale élective, le ministre de l'Intérieur vient, à la grande surprise du président de la Maison de la presse, de prendre un arrêté de suspension de l'autorisation d'exercice de l'association. Le ministre avait auparavant interdit la tenue de l'assemblée générale.

"Nous sommes surpris comme tout un chacun de recevoir cette décision du ministre de l'Intérieur qui intervient dans un contexte où le bureau du conseil d’administration de la Maison de la presse est effectivement en fin de mandat. Mais ce n'est pas la suspension qui est la grande surprise, ce qui nous surprend, c’est la mise en place d’un comité ad hoc qui va s’occuper des activités, ou bien je ne sais pas de quoi, de la Maison de la presse", a expliqué Ibrahim Harouna, le président de la Maison de la presse.

Le comité ad hoc désapprouvé

Certains journalistes des organisations membres de la Maison de la presse soutiennent cette décision du ministre de l’Intérieur, mais désapprouvent la composition du comité ad hoc.

"L’intervention de cet arrêté, nous disons, nous réjouit. Sauf que dans la composition des membres du comité ad hoc, nous souhaiterions un arrangement parce que nous constatons qu’il n’y a pas une représentation des organisations socioprofessionnelles des médias", a déclaré Moudi Moussa, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication.

Image symbolisant la presse au Niger
La Maison de la presse est une association qui regroupe 32 organisations socioprofessionnelles des médias publics et privés. Image : DW/Bilderbox.com

D’autres membres de l'association, quant à eux, dénoncent une ingérence dans les affaires d’une organisation indépendante qu’est la Maison de la presse.

"Cette décision nous laisse quand même quelque peu perplexes dans la mesure où elle est en tout cas vécue comme une sorte d’ingérence, n’est-ce pas, du ministère de l’Intérieur, dans le cadre de la gestion des affaires de la Maison de la presse, qui devrait en tout cas renouveler ses instances depuis le mois de décembre parce que le bureau actuel est arrivé au terme de son mandat. Il n'y avait pas quand même péril dans la demeure", a expliqué Sériba Youssouf, directeur de publication des Echos du Niger.

L'abus de pouvoir

Reporter sans frontières s’est indigné de l'ingérence des autorités militaires qui constitue, selon l’organisation, un abus de pouvoir. Il s’agirait pour la junte, toujours selon RSF, de placer un homme proche du pouvoir à la tête de la Maison de la presse. 

"Pour nous, à Reporter sans frontières, nous sommes en face d’une sorte d’abus de pouvoir avec cet arrêté de suspension de la Maison de la presse que le ministre a pris. Mais fondamentalement, le problème qui se pose est que nous pensons aussi que nous sommes en face d’une sorte de bataille de positionnement. L’impression que nous avons est que probablement, les autorités militaires, les autorités du Niger souhaiteraient peut-être mettre à la tête de la Maison de la presse un de leurs protégés", a déploré Sadibou Marong, directeur du bureau de Reporters sans frontières pour l’Afrique subsaharienne, basé à Dakar au Sénégal.

Depuis qu’il a dénoncé le coup d'État militaire et exigé le retour à l’ordre constitutionnel, le président de la Maison de la presse se trouve dans la ligne de mire du régime militaire de Niamey.